L’ostéoporose est une maladie systémique squelettique caractérisée par une masse osseuse basse et une détérioration microarchitecturale du tissu osseux. Ceci a pour conséquence un accroissement de la fragilité osseuse et du risque fracturaire car il y a un problème sur la quantité et la qualité de l’os [7].
Définitions de l’ostéoporose d’après l’OMS (1994)
On décrit trois types d’ostéoporose.
L’ostéoporose de type I, ou post-ménopausique, elle survient dans les 5 à 20 ans qui suivent la ménopause. Elle se caractérise par une perte osseuse trabéculaire qui peut atteindre trois fois les valeurs physiologiques tandis que la déperdition corticale n’est le plus souvent pas accélérée [7 ;8]. Une femme peut perdre jusqu’à 40% de sa masse osseuse dans sa vie (15% chez un homme).
L’ostéoporose de type II, ou sénile, elle survient dans les deux sexes à un âge plus avancé, en général après 70 ans. Dans ce type d’ostéoporose le contenu minéral osseux des structures trabéculaires et corticales est en dessous des normes physiologiques [7 ; 8].
L’ostéoporose de type III, c’est une ostéoporose secondaire dont les principales causes sont les ostéoporoses endocriniennes, les ostéoporoses des maladies métaboliques, digestives, iatrogènes (corticoïdes, alcool…), d’immobilisation, génétiques (ostéogenèse imparfaite…), anorexie mentale…
Risques pathologiques de l’ostéoporose
Un capital osseux diminué de 30 à 40 % atteint le seuil fracturaire. Ceci se traduit par des fractures osseuses comme la fracture de la hanche, les tassements vertébraux. Les multiples hospitalisations, les soins peuvent favoriser un syndrome de glissement conduisant à la mortalité.
Pathogénie de l’ostéoporose, selon Mayoux-Benhamou M-A et Revel m [8].
Principes généraux du traitement de l’ostéoporose
Il se caractérise par un volet préventif aux différentes époques de la vie d’un sujet.
Durant la croissance et avant l’apparition d’une ostéoporose, la prévention s’effectue par la pratique d’exercice physique régulier chez l’adolescent et par une prise alimentaire riche en calcium car le sédentaire possède un « peak bone mass » moins élevés. La prise normale de calcium par jour devrait représenter au moins 1200 mg jusqu’à l’âge de 25 ans (soit : un bol de lait, un pot de yaourt, et une tranche de fromage). L’apport de la vitamine D, même minime, est indispensable pour certains auteurs (huile de foie de poissons, poissons gras, foies de veau et de boeuf, oeufs, beurre, fromages gras). Il est recommandé également de limiter la consommation de tabac et d’alcool pendant la croissance.
Durant la ménopause, la prévention s’effectue avec les mêmes conseils que le paragraphe précédent. On recommande chez la femme ménopausée un régime à base de calcium (1200 à 1500 mg / j) avec de la vitamine D et la prescription éventuelle d’un traitement hormonal substitutif.
L’activité physique pendant la croissance et la ménopause peut agir sur trois éléments :
- la masse osseuse trop faible à l’adolescence (volet préventif),
- l’incapacité à maintenir une masse osseuse entre 30 et 50 ans (volet préventif),
- la perte osseuse débutant entre 40 et 60 ans.
Tableau récapitulant l’ostéoporose de type I et II, d’après Mayoux-Benhamou et Revel [8].
Place de la musculation et de la rééducation dans le traitement de l’ostéoporose
Les programmes de rééducation font partie intégrante du traitement de l’ostéoporose. Ces programmes sont développés dans les centres de rééducation avec des priorités pour une reprise de l’autonomie. ils sont aussi inclus au sein de plusieurs disciplines physiques.
A Lille, un programme de balnéothérapie a été mis en place pour vérifier son impact bénéfique sur la DMO (le résultat est positif pour une meilleure densitométrie dans 13 cas sur 18) [9]. L’activité physique peut freiner la perte osseuse physiologique et même accroître la masse osseuse squelettique (d’autres auteurs affirment le contraire). L’exercice physique semble s’opposer à la perte osseuse, beaucoup plus par action mécanique locale que par un mécanisme humoral avec intervention des médiateurs du métabolisme cellulaire osseux.
La place de la musculation dans le traitement ostéoporotique est incluse comme dans de nombreuses pathologies dans un traitement interdisciplinaire. Au cours de l’exercice physique avec association du traitement médicamenteux et hygiéno-diététique.
L’activité physique et la musculation influence le métabolisme osseux car les contraintes en compression et en tractions sont de puissants stimuli oestrogéniques. Ces contraintes additionnent leurs effets [8]. Des études plaident nettement en faveur de l’effet osseux local des contractions musculaires au voisinage des insertions périostées, « …la pratique quotidienne d’exercices simples du muscle psoas, et ce pendant un an, ralentit la perte osseuse lombaire de façon significative par rapport à un groupe de contrôle… » [8]. Malliopoulos X et Thévenon A. aboutissent à des conclusions similaires avec un programme de balnéothérapie : « …Nous imputons l’amélioration de la DMO à la sollicitations des muscles à insertion fémorale et vertébrale…p 384 » [9].
L’objectif de la musculation sera donc de solliciter les os qui ont un risque fracturaire élevé c’est-à-dire : le poignet, le rachis, le col fémoral. Le problème est de savoir comment déclencher le signal pour produire une ostéogénèse c’est-à-dire pour quelle intensité ? Durée ? Région du corps?
Certains auteurs n’hésitent pas à privilégier les exercices de force avec des charges importantes, et avec un degré d’impact au sol élevé pour provoquer les facultés d’adaptation du squelette.
Exemple de séance d’activité physique, elle se décompose par :
- un échauffement de 15 minutes,
- des exercices de sauts sur une période de 20 minutes,
- une séance de stretching de 15 minutes,
- un retour au calme pendant 10 minutes.
Il semble qu’un seuil de charge soit nécessaire pour provoquer une réponse ostéogénique de l’os, c’est-à-dire qu’il y a une bande physiologique de sollicitation mécanique [7] (même remarque pour la musculation classique ou
le principe de surcharge est admis de façon commune pour pouvoir provoquer une réponse musculaire). Plusieurs stratégies d’exercice physique sont employées pour stimuler l’os, les exercices en compression ou en traction.
Les exercices en compression tels que des exercices debout en compression axiale pour stimuler la région osseuse du col du fémur (exercice de « la brouette » ou de pompage pour stimuler la région du poignet).
Les exercices en traction c’est-à-dire en étirement. C’est une autre manière de stimuler l’os (introduction du stretching pour le muscle psoas pour stimuler ses insertions osseuses lombaire et trochantérienne).
Ici on aboutit dans l’idéal à un type de musculation ou d’exercices globaux à visée de gains musculaires et osseux. L’activité physique et notamment la musculation peuvent permettre la lutte contre l’ostéoporose.
Article extrait de la thèse de médecine, « présentation de concepts de physiothérapie selon trois discipline : les étirements, la musculation et l’endurance. Applications médicales et sportives».
Docteur Popineau Christophe,Hopital d’Helfaut, médecin du sport au C.R.E.P.S de Wattignies et membre de l’IRBMS. – Paulo Fernandes Carlos, médecin généraliste.
Thèse soutenue par Mr Paulo Fernandes et dirigée par le Docteur Popineau.
Bibliographie
Musculation, ses effets sur les pathologies chroniques Auteurs des articles : Docteur Popineau Christophe,Hopital d’Helfaut, médecin du sport au C.R.E.P.S de Wattignies et membre de l’IRBMS. – Paulo Fernandes Carlos, médecin généraliste. Article extrait de la thèse de médecine, « présentation de concepts de physiothérapie selon trois discipline : les étirements, la musculation et l’endurance. Applications médicales et sportives ». Thèse soutenue par Mr Paulo Fernandes et dirigée par le Docteur Popineau.
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