L’activité physique, héritage de Paris 2024, la thérapie préventive en prévention primaire des maux de notre XXIème siècle !

APA et Paris 2024

L’inactivité physique associée ou non à la sédentarité sont de plus en plus présentes dans notre société.

Le formidable succès populaire des JOP de Paris 2024 peut-il susciter une prise de conscience multi générationnelle afin de modifier les habitudes de vie trop peu actives en passant d’un statut passif au statut « dynamique » ?

Journée nationale du sport le 14 septembre : une excellente idée médiatique mais le sport et le sport santé qui doivent se pratiquer au quotidien nécessitent des moyens qui ne doivent pas être amputés du coût de cette nouvelle journée nationale !

Préambule

La prévention primaire (sport santé et lutte contre la sédentarité) est définie comme toute action destinée à diminuer l’incidence d’une maladie en réduisant l’apparition de nouveaux cas dans une population saine par la diminution des causes directes et des facteurs de risque (OMS).

Le langage commun doit rassembler tous les acteurs concernés par l’activité physique et/ou le sport afin de faire reculer la sédentarité et réduire l’incidence de l’inactivité.

L’activité physique est un facteur de protection de nombreuses maladies chroniques elle est recommandée afin d’améliorer la santé physique et mentale et permet de diminuer ou contrôler un déconditionnement physique (diminution de la consommation maximale d’oxygène).

Un constat et des évidences

  • L’inactivité physique et la sédentarité sont responsables de plus de 50 000 décès par an en France car seulement moins de 10 % des Français respectent les recommandations en matière de temps de pratique d’activité physique situant la France comme les mauvais élèves de l’Europe.
  • Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la sédentarité est la quatrième cause de mortalité dans le monde et la première cause de mortalité évitable, responsable de plus de décès que le tabagisme.
  • Les quelques 100 000 médecins généralistes de France, peu formés au sport santé et ayant que très peu de confiance à la politique globale du sport santé soit par méconnaissance en raison d’une formation initiale inexistante, soit en raison d’une réticence en raison de la diversité des acteurs, soit par les freins financiers en raison du coût restant à charge pour leurs patients, soit tout simplement par surcharge de travail, n’ont jamais adhéré au sport santé et ne sont jamais appropriés cette thématique qui reste pourtant un enjeu de santé publique.
  • En France, le coût social de l’inactivité physique a été estimé à 140 milliards d’euros par an. Un euro dépensé afin de mettre la population en activité physique rapporte 1,5 euros en économie de santé.

Quel héritage des jeux olympiques et paralympiques ?

Selon les scientifiques et en particulier le Professeur François Carré de Rennes les jeunes de 9 à 16 ans ont perdu 25 % de leurs capacités physiques mais heureusement le sport de haut niveau permet de nous enthousiasmer en admirant la pépite de champions qui malheureusement cache la réalité de notre état sanitaire et de forme physique et morale en France.

Nous sommes nombreux à devenir supporters le temps d’une compétition, nombreux à se licencier dans le sport de nos champions mais combien persévèrent au-delà de 3/6 mois ?

La France n’est pas un pays de culture du «bouger plus», le sport est le parent pauvre des cursus de nos écoliers et étudiants et les universités n’accompagnent pas l’intégration des sportifs afin de créer une filière universitaire du haut niveau.

Après l’organisation des jeux olympiques et paralympiques l’héritage des jeux prendra-il en compte la valorisation de l’activité physique afin que toutes les médailles gagnées par nos athlètes puissent être un formidable vecteur pour donner l’envie de bouger plus au quotidien ?

Que les «allergiques» aux sports se rassurent, il ne faut pas confondre sport de loisir ou de compétition et activité physique qui est considérée comme tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques, entraînant une dépense d’énergie supérieure à celle du repos,  afin d’éviter la libération de kinines néfastes à la santé, sans but de performance, mais en respectant la durée, l’intensité, la régularité et le type afin d’optimiser ses bienfaits pour l’organisme.

La grande cause Nationale 2024, campagne médiatique, qui encourage au minimum 30 minutes d’activité par jour ne doit pas s’éteindre avec la flamme Olympique… car il y a une urgence sanitaire qui s’appelle la sédentarité.

Des chiffres clés à connaitre

  • 75 % des 11-17 ans sont peu actifs selon OMS
  • La France se classe 119ème sur 146 pour le niveau de pratique d’activités physiques
  • 40 % des étudiants ne pratiquent pas d’activités physiques ou sportives
  • L’obésité en lien avec le manque d’activités physiques représente 35 % des enfants de 2 à 7 ans
  • Après 65 ans 3 personnes sur 4 présentent une maladie chronique pour un coût dépassant les 100 milliards d’euros

En prévention primaire l’activité physique est le seul traitement ne pouvant pas avoir de rupture de stock ni de délocalisation de production qui agit de façon préventive et curative sur l’état sanitaire de toute la population en réduisant les inégalités sociales face aux enjeux de santé publique.

Dans le cadre du sport santé sur ordonnance, l’activité physique en prévention secondaire et tertiaire peut remplacer ou diminuer le médicament générant des économies de santé or elle n’est toujours pas prise en charge par l’assurance maladie !

► Lire notre article : APA, la thérapie non médicamenteuse à prescrire sans modération en prévention secondaire et tertiaire

En effet l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui propose des recommandations de pratiques pour tous les âges de la vie, précise que l’ensemble des maladies chroniques représentent la première cause de mortalité évitable au niveau mondiale, dont en France, engendrant un coût de santé réductible grâce à la pratique régulière de l’activité physique.

► Lire notre article : Coût de l’inactivité physique

Un seul mot d’ordre bi directionnel : Combattre la sédentarité et rompre avec l’inactivité physique. En effet si la sédentarité est reconnue depuis la nuit des temps comme un facteur de risque important dans la dégradation de l’état de santé des populations comme le précise si souvent le Professeur François Carré de Rennes.

L’inactivité physique est moins connue et combattue alors que des études scientifiques ont démontré que rester assis plus de deux heures avait comme conséquences de déstabiliser nos cellules en absence de production de carburant (myokine) et ainsi amplifier le stress oxydatif et diminuer les défenses, sans parler de la sarcopénie (fonte musculaire) qui s’installe à bas bruit !

Il est donc indispensable d’être actif au quotidien selon la recommandation minimale de la grande cause nationale en bougeant 30 minutes par jour (pour les enfant et adolescents nous recommandons selon l’OMS 60 minutes par jour) mais aussi au travail, dans les transports, chez soi de bouger toutes les heures pendant 3/5 minutes afin de réveiller nos muscles endormis (lutter contre le « sitting disease »).

► En savoir plus : Prévalences nationales et régionales de l’activité physique et de la sédentarité des adultes en France (BEH – 2021).

Un ennemi identifié : le surpoids

Un seul chiffre à retenir près de 50 % des adultes sont en surpoids ce qui augmente la morbidité et la mortalité en occasionnant des dépenses de santé pouvant atteindre 10 milliards d’euros par an.


Un seul langage « bouger c’est la santé » pour une prise en charge pluridisciplinaire

Selon que l’on soit médecin, professionnel de la santé, professionnel du sport, universitaire, chercheur, issu du monde associatif de la santé ou du sport, et selon la culture et le vécu de chacun, on a tendance à utiliser un vocabulaire et des définitions différentes pour désigner les mêmes choses… Or, sans un langage commun, il est impossible que les acteurs de la santé et ceux du sport puissent optimiser leurs réseaux en ayant comme objectif l’appropriation de la thématique sport santé par les publics cibles.

Une activité physique régulière contribue à une bonne santé physique et mentale. Elle est bénéfique pour les personnes de tous âges et de toutes capacités, et il n’est jamais trop tard pour devenir plus actif et moins sédentaire et améliorer ainsi son état de santé.

Pourtant, 81 % des adolescents et 27,5 % des adultes ont actuellement un niveau d’activité physique inférieur à celui recommandé par l’OMS, ce qui a des conséquences pour eux tout au long de leur vie et pour leur famille, mais aussi pour les services de santé de nombreux pays et la société dans son ensemble.

► En savoir plus : Le langage commun en Sport Santé (OM2S)


Les bienfaits de l’activité physique

Ils ne sont plus à démontrer car de nombreux travaux scientifiques démontrent les bienfaits physiques et psychiques. L’activité physique est reconnue par le collectif de l’INSERM (2008) comme efficace dans la prévention primaire et la prévention et le traitement de nombreuses pathologies chroniques (prévention secondaire et tertiaire).

► En savoir plus : Activité physique, contextes et effets sur la santé (INSERM – 2008)

► En savoir plus : Prévention et traitement des maladies chroniques (INSERM – 2019)

Comment profiter de l’héritage des jeux ?

Pour le sport, toutes les médailles apporteront dans les clubs un surplus de pratiquants désirant par mimétisme de briller un jour sur un podium… La balle est donc dans le camp des autorités sportives, de l’état et des collectivités territoriales…

Pour l’activité physique et la mobilité active au quotidien c’est plus difficile car s’enflammer dans un stade ou devant la TV ne fait pas avancer la prise de conscience de la personne sédentaire qui admire la performance mais se dit que cela n’est pas fait pour lui ! Il faut que le pouvoir politique et territorial souvent porteurs des projets sport santé fassent l’analyse objective de l‘échec de la politique sport santé depuis plus de 20 ans.

Les raisons, elles sont nombreuses nous pouvons établir une liste non exhaustive :

L’inégalité territoriale, l’inégalité de réponse des ARS, la dispersion des acteurs, le manque de pilotage identifié, la création de structures peut utiles, le déficit le lisibilité des labels créés, la précarité des financements, la difficulté de convaincre au niveau local face à la médiatisation du sport de haut niveau, le coût des pratiques et le reste à charge insupportable pour la population, la résistance des employeurs, le déficit de formations sport santé, la politisation du sport santé, l’éloignement des professionnels de la santé, le nombre d’acteurs à formations hétérogènes qui revendique le sport santé, l’absence de coordination et de valorisation des initiatives, les financements ne permettant pas de répondre à l’enjeu de santé publique (sauf pour quelques rares territoires)…

Les travaux by IRBMS

Le premier constat date des années 1990 avec la diffusion du « sport pour tous » et la création des parcours du cœur puis l’IRBMS, avec la région Nord-Pas-de-Calais dès 1998, avec la mise en place d’une politique sport santé unique en France par la promotion d’« un sport pour la santé » ce qui a conduit à une prise de conscience territoriale exemplaire et, dès 2012, à solliciter expérimentalement des médecins d’un territoire (Lens-Liévin-Carvin) à se former à la prescription potentielle du sport bien avant la loi dite sport santé (2016). Voici quelques contributions qui permettent de voir le chemin parcouru et aussi le surplace de la thématique « sport santé » :

Les diverses formations gratuites en ligne by IRBMS

IRBMS Mooc Sport Santé Sport Santé sur Ordonnance : des formations en ligne gratuites d’aide à la prescription de l’APA proposée par l’IRBMS.

 

Flash-back

Pour terminer voici quelques lignes publiées en 1996 dans la revue trimestrielle du haut comité de santé publique dans un dossier spécial « Santé et activités physique et sportives » :

« Une activité physique régulière est recommandée par la communauté scientifique, qui précise les liens bénéfiques entre activité physique et la santé aussi bien physique que mentale. …
Il est nécessaires d’intégrer le sport (activité physique) dans l’environnement économique, social, écologique et culturel… La loi du 16 Juillet 1984 qui a subit des modifications reprend en son article premier : les activités physiques constituent un facteur important d’équilibre pour la santé… leur développement est d’intérêt général… »

Puis une série de mesures sont proposées afin de répondre à cette grande perspective de promotion pour la santé !
30 ans après on réinvente l’histoire en détruisant ce qui a été fait sans en tirer aucune leçon !

► Source : Dossier Santé et activités physiques et sportives (ADSP, 1996)

► Lire aussi : La médecine du sport : l’exemple d’une région – Nord Pas-de-Calais (ADSP, 1996)

Conclusion

Nous ne pouvons pas rester passifs devant la dégradation des indicateurs de santé en raison de la sédentarité et de l’inactivité physique et le coût sans cesse grandissant des dépenses de santé. Alors soyons efficace en transformant les messages et actions menées dès 1980 (Sport pour tous, Parcours du cœur, Bougez c’est la santé, PNNS, etc.) en stimulant et encourageant les habitudes de vie active par la mise à disposition de programmes et dispositifs facilitateurs du mouvement.

A vos marques, prêt bougez !


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