Les cancers sont d’une grande hétérogénéité en termes de survenue, de types, de pronostics, d’âges, de traitements, de dépistage et tout simplement de tableaux cliniques.
Grâce aux progrès de la science et de la médecine la survie relative à 5 ans d’un cancer se situe à plus de 55% mais avec une grande fluctuation en fonction des cancers. Ainsi les cancers du sein et de la prostate approchent les 90% de survie.
Mais pendant la prise en charge un déconditionnement physique, psychologique et social peut survenir en raison d’une fatigue secondaire et d’une dépression associée.
Un changement de comportement peut empêcher la survenue de 30% des cancers. C’est pour cela que la pratique d’une activité physique adaptée fait partie des recommandations de l’Institut National du Cancer pour la population en prévention primaire et pour les malades en prévention secondaire et tertiaire.
Mieux connaître la prévention des cancers du sein et de la prostate.
Les évidences
La prévention primaire est plus pertinente pour certains cancers comme celui du sein, du côlon, de la prostate et certains autres cancers.
Les objectifs de l’intégration de l’activité physique adaptée dans le parcours de soin sont de lutter contre le déconditionnement physique, la baisse de la composition corporelle (sarcopénie), l’apparition de la fatigue et de la dépression, l’intolérance et les effets négatifs des traitements.
L’impact de l’activité physique après le diagnostic sur la survie et le risque de récidives est mis en avant par de nombreuses études mais dans le respect de la relation dose/intensité ainsi les protocoles demandant un travail à intensité progressivement élevée sont plus efficaces. Niveau de preuve de grade b ou C (la gradation de l’évidence scientifique s’appuie sur l’existence de données de la littérature pour répondre aux questions posées, le niveau de preuve des études disponibles et la cohérence de leurs résultats).
Chez les enfants et adolescents atteints d’un cancer l’objectif est de répondre en lien avec la famille aux besoins et attentes selon la fatigue induite.
L’adaptation des programmes d’activités physiques se fera en fonction des traitements, des examens et des phases évolutives de la maladie.
Le fait de prescrire de l’activité physique ne préjuge pas de son remboursement par l’assurance maladie, même si l’activité physique est aujourd’hui considérée comme une thérapeutique à part entière.
La prescription d’une activité physique lors d’une consultation par le médecin traitant a un impact démontré sur l’observance de celle-ci.
La priorité est l’adhésion de la population cible et des patients concernés
- La motivation constitue un des paramètres fondamentaux pour le succès de la démarche et pour l’adhésion à la prise en charge.
- Un patient démotivé a peu de chance d’atteindre l’objectif conjointement fixé avec le médecin.
- La motivation n’est pas un trait statique mais est une variable dynamique et fluctuante. Elle se génère et se maintient sous certaines conditions et elle est dépendante de l’attitude du médecin.
- L’entretien motivationnel est la base de la réussite.
Les points essentiels
- Les cancers les plus fréquents pour les hommes sont ceux de la prostate et chez les femmes ceux du sein puis ceux du côlon et des poumons sont fréquents pour les deux sexes.
- La maladie cancéreuse est complexe et le pronostic dépendra du type de cancer et du stade évolutif lors de la découverte.
- Il ne faut pas confondre dégradation provisoire de l’état général en lien avec les traitements et répercutions physiques en lien avec l’évolution de la maladie.
- Les acteurs du sport santé doivent se considérer comme « des soignants » et jouer un rôle capital dans la motivation en partageant toutes les expériences positives mais aussi dans le respect du secret médical partagé.
Les points techniques
La qualification des acteurs pouvant prendre en charge la prescription de l’activité physique à but thérapeutique est définie par une instruction interministérielle (INSTRUCTION INTERMINISTERIELLE N° DGS/EA3/DGESIP/DS/SG/2017/81 du 3 mars2017 relative à la mise en œuvre des articles L.1172-1 et D.1172-1 à D.1172-5 du code de la santé publique – lien).
La prévention primaire repose sur deux piliers : moins de sédentarité et de surpoids en augmentant la charge d’activité physique au quotidien et en respectant les 30 minutes d’activité physique à intensité modérée à élevée par jour. Monter des escaliers à vitesse variable est un excellent exercice travaillant endurance et force musculaire.
Chez les patients atteints d’un cancer le choix de proposer de modifier les habitudes de vie dès l’entrée en parcours de soins lors du diagnostic est impératif afin de créer un réflexe en amont de la prise en charge et l’apparition de la fatigue.
Les fondamentaux
- Les principes de base de la prescription d’exercice reprennent les variables « FITT » (fréquence, intensité, temps et type).
- L’exercice en aérobie peut être effectué en continu ou basé sur des intervalles ce qui est plus motivant.
- L’entrainement de la force isométrique ou dynamique à 30% de la force maximale doit se faire avec répétions dont les intervalles de repos sont de 3 à 5 minutes.
Activité physiques efficaces contre certains cancers
Le principe : Activité adaptée à but thérapeutique à intensité modérée à élevée (supérieure à 4Mets) au moins 30 minutes 5 fois par semaine et une recommandation de 12 à 15 Mets/semaine pendant le traitement. Source : INCa
Définition du Met : le metabolic equivalent task (Met) ou équivalent métabolique est une unité qui indexe la dépense énergétique lors de la tâche réalisée sur la dépense de repos. 1 Met chiffre la dépense énergétique de repos équivalent à une consommation de 3,5 ml O2/mn/kg. Donc 7,5 Mets correspond à 150 minutes par semaine d’efforts à intensité modérée soit pour les cancers 15 Mets correspondent à 300 mn/semaine.
Pour les cancers il faut respecter les contre-indications aux pratiques qui sont données par l’équipe médicale et prendre en compte les effets de certains traitements sur le déconditionnement physique ainsi que leurs effets sur les adaptations à l’effort.
On doit aussi prendre en compte les effets secondaires de certaines chirurgies comme par exemple l’apparition d’un lymphœdème.
Les complications de la pratique d’une activité physique sont potentiellement possibles (notamment en période de crise sanitaire) aussi on insiste sur la qualification requise des acteurs en rappelant l’existence des D.U. Sport et Cancer et du rôle joué par la CAMI Sport et Cancer.
► Rappel des textes réglementaires pour le sport santé sur ordonnance :
- La loi N° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé : Art. L. 1172-1. – Dans le cadre du parcours de soins des patients atteints d’une affection de longue durée, le médecin traitant peut prescrire une activité physique adaptée à la pathologie, aux capacités physiques et au risque médical du patient. « Les activités physiques adaptées sont dispensées dans des conditions prévues par décret. »
- Le décret n° 2016-1990 du 30 décembre 2016 : Relatif aux conditions de dispensation de l’activité physique adaptée prescrite par le médecin traitant à des patients atteints d’une affection de longue durée. Publics concernés : médecins, patients atteints d’une affection de longue durée et professionnels de la santé et du sport. Objet : Activité Physique Adaptée (APA) dans le parcours de soin.
- L’instruction Interministérielle du 3 mars 2017 : Relative à la mise en œuvre des articles L.1172-1 et D.1172-1 à D.1172-5 du code de la santé publique et portant guide sur les conditions de dispensation de l’activité physique adaptée prescrite par le médecin traitant à des patients atteints d’une affection de longue durée.
► A lire aussi sur notre site et notre MOOC
- Cancer et Sport
- Prévention des cancers du sein et activités physiques
- Cancer de la prostate et Activité Physique Adaptée
- La consultation et la prescription de l’activité physique pour la santé (Mooc / référentiels de la HAS)
Mooc APA et Cancer
Savoir prescrire, préconiser, organiser, proposer, suivre et accompagner des Activités Physiques Adaptées (APA) à chaque patient concerné en organisant un parcours de soins entre les acteurs identifiés et qualifiés pouvant prendre en charge votre patient, en utilisant un langage commun.
L’IRBMS propose un outil numérique au service du sport santé :
► Le Numéri’éval Sport Santé.