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APA sur ordonnance

Sport santé sur ordonnance

L’activité physique adaptée : la thérapie non médicamenteuse à prescrire sans modération en prévention secondaire et tertiaire dans le cadre du sport santé sur ordonnance

Introduction

L’inactivité physique associée ou non à la sédentarité sont de plus en plus présentes dans notre société. Le formidable succès populaire des JOP de Paris 2024 peut-il susciter une prise de conscience multi générationnelle afin de modifier les habitudes de vie trop peu actives en passant d’un statut passif au statut « dynamique » ?

Journée nationale du sport le 14 septembre : une excellente idée médiatique mais le sport et le sport santé qui doivent se pratiquer au quotidien nécessitent des moyens qui ne doivent pas être amputés du coût de cette nouvelle journée nationale !

Les « sitting diseases »  soit les maladies provoquées par la position assise qui développe la graisse abdominale en inondant l’organisme des cytokines qui provoquent une réaction en chaine négative des défenses immunitaires sont reconnus comme de véritables bombes sanitaires à retardement avec une augmentation de plus de 20 % des risques de mortalité.

► Lire aussi : Le sport santé sur ordonnance

Le coût de l’inactivité physique

Le surpoids, la sédentarité, l’inactivité sont au centre des consultations médicales en générant des coûts de santé exponentielles dépassant les 30 milliards d’euros par an en France alors que l’activité physique régulière réduit les comorbidités avec par exemple un effet sur la régulation de la glycémie et sur la protection vasculaire.

Selon l’OMS : Selon la dernière enquête Eurobaromètre spécifiquement réalisée à ce sujet, 45 % des habitants de l’Union européenne (UE) déclarent ne jamais pratiquer d’exercice physique ou de sport, et une personne sur trois a un niveau d’activité physique insuffisant. Cela entraîne des millions de cas de maladies non transmissibles qui ont des conséquences dévastatrices pour la santé des populations et grèvent l’économie. Un nouveau rapport de l’OMS et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) intitulé « Step up! Tackling the burden of insufficient physical activity in Europe » [Un petit effort ! Allégeons le fardeau du manque d’activité physique en Europe] explique comment l’accroissement de l’activité physique aux niveaux recommandés peut prévenir des milliers de décès prématurés dans l’UE et économiser des milliards en dépenses de santé…

► Lire la suite : L’accroissement de l’activité physique pourrait faire économiser des milliards à l’UE chaque année (OMS)

Le sport santé sur ordonnance : La thérapie non médicamenteuse reconnue par l’Académie de médecine

L’activité physique est reconnue par de nombreux scientifiques dont le collectif de l’INSERM comme efficace dans la prévention et le traitement de nombreuses pathologies chroniques :

► Document OM2S : Activité physique, contextes et effets sur la santé (INSERM – 2008)

► Document OM2S : Prévention et traitement des maladies chroniques (INSERM – 2019)

L’activité physique est bénéfiques pour l’évolution de plus de 40 maladies dont les pathologies cardiovasculaires et respiratoires, les cancers, le diabète, les TMS, l’obésité, les maladies mentales, les maladies neuro-dégénératives et renforce les défenses immunitaires.

Il existe donc une thérapie non médicamenteuse qui est l’activité physique adaptée qui depuis la loi du 26 janvier 2016 dite de « modernisation de notre système de santé » peut être prescrite dans le cadre d’un parcours de soins du patient, depuis, la loi du 2 mars 2022 visant à « démocratiser le sport en France » a élargie les conditions de prescriptions en augmentant ainsi le champs des personnes cibles sans toutefois prévoir la prise en charge générale par l’assurance maladie de cette thérapie.

Comment l’inactivité physique agit défavorablement sur l’organisme ?

Une pathologie chronique, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), est un problème de santé qui nécessite une prise en charge sur une période de plusieurs années ou décennies. Elle est liée à la présence d’une cause organique, psychique ou cognitive. Son ancienneté est de plusieurs mois ou années avec un maintien sur la vie quotidienne et des conséquences psychosociales. Elle est caractérisée par l’absence de guérison (on parle de contrôle, de rémission) et l’évolution à vie.

L’inflammation chronique systémique de bas grade. Elle résulte du stress oxydatif, est responsable de mutations (cancérogenèse) et elle est le dénominateur commun des nombreuses affections chroniques que sont les maladies de civilisation (obésité, diabète de type 2, arthrose, athérothrombose, maladies neurodégénératives, dépression…). Associée au vieillissement et combinée à l’immuno-sénescence, elle réalise l’« inflammation », reconnue comme facteur de fragilité.

Activité physique et vieillissement

Il est admis que l’activité physique, en retardant la diminution de la longueur des télomères, ralentit le vieillissement cellulaire et fait gagner 10 ans d’espérance de vie. À chaque mitose se produit une érosion régulière de l’ADN des télomères, soit 50 à 100 paires de bases, jusqu’à ce que la cellule ne puisse plus se reproduire, ce qui survient au bout de 23 divisions. À terme, la cellule est conduite à l’apoptose, c’est la théorie de la sénescence réplicative.

Activité physique et diabète de type 2

Le diabète de type 2 résultant de l’interaction entre des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux représentés par la sédentarité, une obésité abdominale et une alimentation déséquilibrée. Le mécanisme associe une insulinorésistance et à terme une insulinopénie.

Trois mesures préventives influencent favorablement l’évolution et la progression de la maladie : une perte de poids de 5 à 10 %, voire le recours à la chirurgie bariatrique pour obtenir une perte plus drastique, une activité physique adaptée [Source : « Les bénéfices de l’activité physique dans les pathologies chroniques« , par le docteur Claude Paumard].

En effet la masse graisseuse abdominale (pouvant stimuler le développement des maladies métaboliques) libère alors des cytokinines qui augment l’inflammation, le stress oxydatif en diminuant l’immunité donc en rendant l’organisme inerte aux défenses naturelles (exemple le Covid 19). A l’inverse quand on stimule nos cellules musculaires en bougeant on produit des exokines qui stimulent les réactions immunitaires.

De ce fait, et dans le cadre du sport santé sur ordonnance, l’activité physique en prévention secondaire et tertiaire peut remplacer le médicament à condition que les professionnels de la santé s’approprient la thématique, ce qui est loin d’être acquis en 2024.

Afin d’aider les médecins la HAS (Haute Autorité de Santé ) propose des recommandations de prescriptions adaptées aux maladies chroniques et facteurs de risque.

Aide aux professionnels de la santé : l’Observatoire Médical du Sport Santé met aussi à disposition des protocoles adaptés reprenant les recommandations de la HAS et propose un centre ressource dit « sport santé ».

La prescription d’AP pour tous les âges de la vie

Un acte médical avec ses enjeux et ses responsabilités ayant pour but l’amélioration de la santé physique et/ou psychiques par la pratique d’une APA réalisé avec une évaluation médicale préalable et si besoin une consultation médicale d’activité physique spécifique s’il a été identifié un risque de survenue d’un incident au décours de la pratique de l’APA.

Il doit préciser :

  • En premier lieu le conseil au patient : diminuer progressivement le temps de sédentarité et augmenter le temps d’activité à intensité modérée complété ,si besoin ,par des conseils nutritionnels et d’hygiène de vie.
  • Puis ensuite à destination du dispensateur :
    • Le type d’activité (endurance cardio respiratoire, renforcement musculaire et de force, exercices de souplesse, d’équilibre et de santé articulaire et osseuse)
    • L’intensité de la pratique de modéré à élevé (indicateurs facilitants : Fc ?)
    • La fréquence hebdomadaire de la pratique et/ou des séances (voir les recommandations de la HAS )
    • La durée des séances ou de la pratique
    • Les restrictions et les alertes d’intolérances
  • La qualification de l’intervenant peut être précisé en lien avec la législation en cours :

La durée de la prise en charge

Il faut dissocier une action territoriale de prévention et de promotion pour un temps déterminé avec une prise en charge exceptionnelle et la prescription d’une thérapie obligatoire qui sera poursuivie à vie tout au long de l’évolution de la maladie avec une réévaluation tous les trois à six mois.

La loi de 2022 visant la démocratisation du sport en France à élargie à l’ensemble des médecins la prescription de l’APA en ouvrant aux malades non en ALD le droit à prescription et permet le renouvellement de la prescription par les masseurs kinésithérapeutes si le dispensateur désigné par le médecin est celui-ci.

Aide législative (Légifrance)

Aide en ligne (MOOC by IRBMS)

 

Quelle surveillance médicale ?

La réalisation d’une activité physique adaptée apporte peu de risques d’incidents, toutefois une visite médicale préalable est fortement conseillée afin de préciser les conditions de pratiques et les précautions d’usage.

Place du traitement médicamenteux

Dans le cadre du sport santé sur ordonnance, l’activité physique en prévention secondaire et tertiaire peut remplacer ou diminuer le médicament générant des économies de santé or elle n’est toujours pas prise en charge par l’assurance maladie !

► Lire aussi : Les questions les plus courantes en lien avec le décret du sport santé sur ordonnance.

Le langage commun des acteurs concernés

Promouvoir l’activité physique, selon que l’on soit médecin, professionnel de la santé, professionnel du sport, universitaire, chercheur, issu du monde associatif de la santé ou du sport, et selon la culture et le vécu de chacun, on a tendance à utiliser un vocabulaire et des définitions différentes pour désigner les mêmes choses… ce qui accentue la défiance en créant des freins à la pratique.

► Document OM2S : Le langage commun en Sport Santé

Les travaux by IRBMS

Le premier constat date des années 1990 avec la diffusion du « sport pour tous » et la création des parcours du cœur puis l’IRBMS, avec la région Nord-Pas-de-Calais dès 1998, avec la mise en place d’une politique sport santé unique en France par la promotion d’« un sport pour la santé » ce qui a conduit à une prise de conscience territoriale exemplaire et, dès 2012, à solliciter expérimentalement des médecins d’un territoire (Lens-Liévin-Carvin) à se former à la prescription potentielle du sport bien avant la loi dite sport santé (2016). Voici quelques contributions qui permettent de voir le chemin parcouru et aussi le surplace de la thématique « sport santé » :

Les diverses formations gratuites en ligne by IRBMS

Sport Santé sur Ordonnance : des formations en ligne gratuites d’aide à la prescription de l’APA proposée par l’IRBMS.

 

 

Flash-back

Pour terminer voici quelques lignes publiées en 1996 dans la revue trimestrielle du haut comité de santé publique dans un dossier spécial « Santé et activités physique et sportives » :

« Une activité physique régulière est recommandée par la communauté scientifique, qui précise les liens bénéfiques entre activité physique et la santé aussi bien physique que mentale. …
Il est nécessaires d’intégrer le sport (activité physique) dans l’environnement économique, social, écologique et culturel… La loi du 16 Juillet 1984 qui a subit des modifications reprend en son article premier : les activités physiques constituent un facteur important d’équilibre pour la santé… leur développement est d’intérêt général… »

Puis une série de mesures sont proposées afin de répondre à cette grande perspective de promotion pour la santé !
30 ans après on réinvente l’histoire en détruisant ce qui a été fait sans en tirer aucune leçon !

► Source : Dossier Santé et activités physiques et sportives (ADSP, 1996)

► Lire aussi : La médecine du sport : l’exemple d’une région – Nord Pas-de-Calais (ADSP, 1996)

Conclusion

Le sport santé sur ordonnance malgré la labellisation des maisons sport santé ne répond pas aux espérances en raison de nombreux freins dont le financement. Arrêtons de se masquer la face en mettant en avant des actions, certes louables, réalisées, pour la plupart, avec peu d’évaluations ou indicateurs de santé suivis et le non-respect des protocoles scientifiques, touchant près de 100 000 personnes en France (soyons généreux 1 millions de personnes !) sur les 20 millions et plus concernées afin de limiter la pandémie de maladies chroniques.

Alors soyons efficace en transformant les messages et actions menés dès 1980 (Sport pour tous , Parcours du cœur, Bougez c’est la santé, PNNS, etc.) en « vaccin » contre les maladies chroniques et l’obésité en promouvant l’activité physique mais aussi en remboursant cette thérapie non médicamenteuse et en remettant le médecin au centre du dispositif !

Que l’héritage des JOP de Paris 2024 puisse booster et pérenniser le sport santé sur ordonnance !

Bibliographie

  • Activité physique et sportive : facteur de santé, CFEMTES édition Elsevier Masson 2019.
  • A vos marque, prêts… bougez !, docteurs Patrick Bacquaert et Frédéric Maton.
  • Bougez pour guérir, Professeur Gilbert Pérès et Laurence Bensimon-Clémente.
  • Le sport est-il un médicament ? Professeur André Thévenon.
  • Sport santé sur ordonnance, docteur Alexandre Feltz.
  • Le sport est un médicament bio, Gilles Orgeret.
  • Prescription des activités physiques, docteurs Frédéric Depiesse et Olivier Coste.
  • Activité physique adaptée et pathologies chronique, Professeurs Paul Delamarche et François Carré.
  • Sport et cancer, Jean Marc Descotes et docteur Thierry Bouillet.
  • Ordonnances en activités physiques adaptées, coordination Aude Marie Foucaut.
  • L’activité physique, héritage de Paris 2024, la thérapie préventive en prévention primaire des maux de notre XXIème siècle !

Centre ressources

  • Observatoire Médical du Sport Santé (OM2S) by IRBMS.

Web bibliographie