Cyclisme et Dopage Sanguin


En mai 2006, l’affaire Manolo Saiz, manager de l’équipe espagnole Liberty Seguros, sera-t-elle le deuxième acte d’un cataclysme qui secouera de nouveau le milieu du cyclisme et le milieu du sport en général, après la première affaire Festina qui s’est déroulée à Lille et qui a eu toutes les répercussions que l’on connaît ? En mars 1999, le Professeur Jean-Paul ESCANDE, grand spécialiste du Dopage et Ancien Président de la Commission Nationale de Lutte contre le Dopage, écrivait un article intitulé : « Les vertigineuses inconnues du dopage ».

Presque 10 ans après, et malgré le déploiement de moyens financiers importants, la création de nombreuses structures officielles internationales et françaises, la multiplication des intervenants et de l’argent mis à disposition des contrôles fait qu’une nouvelle fois, ce sont les structures extérieures au monde sportif comme pour l’affaire Festina, grâce à la collaboration avec les douanes, qui permettent de révéler une affaire. La même question est donc sur toutes les lèvres : est-il logique de multiplier les financements et les structures sans développer de réseau de spécialistes sur le terrain. Avant 1998, l’Affaire Festina a pu démontrer que ces réseaux existaient et étaient efficaces. On peut s’interroger aujourd’hui sur la politique mise en place et la pertinence des actions menées. Toutes ces affaires nous prouvent qu’il faut rester modeste dans la lutte contre le dopage. Puisse l’ensemble des acteurs s’en souvenir. Définition du dopage sanguin Le dopage sanguin est défini comme étant l’utilisation de produits sanguins autologues, homologues, hétérologues ou de globules rouges de toute origine, dans un autre but que de traiter un problème médical avéré.

La transfusion sanguine est interdite pendant et en dehors des compétitions. Elle figure dans la liste publiée par l’Agence Mondiale Anti-Dopage dans les méthodes interdites, et plus particulièrement à la section M1- Amélioration du transfert d’oxygène.

Qu’est-ce que le dopage sanguin ?

Le dopage sanguin est une méthode mise au point au début des années 70 pour apporter au sportif plus de globules rouges en augmentant donc indirectement ses capacités de transfert d’oxygène.

On améliore donc de façon artificielle son niveau de performances, en particulier dans les disciplines d’endurance.

Cela reviendrait à augmenter de façon non naturelle la VO2Max du sportif. Il existe plusieurs méthodes :

transfusion autologue Il s’agit de se faire réinjecter son propre sang. Le sportif fait l’objet d’un premier prélèvement quelques semaines ou moins avant la compétition. Le sang est alors gardé au frais, pendant que le sportif reconstitue peu à peu ses réserves en globules rouges. Quelques jours avant la compétition, les globules rouges sont prélevées du sang mis en réserve et on réinjecte sous forme de purée globulaire le sang concentré à l’athlète. Cette technique augmente donc instantanément le nombre de globules rouges, transporteurs de l’oxygène vers les muscles

technique homologue Il s’agit toujours d’un transfusion de globules rouges, mais cette fois ci le sang ne provient pas de l’athlète mais d’un donneur ayant les mêmes caractéristiques de groupe que le sportif.

Risques du dosage sanguin

Ils sont nombreux, légérement différents, selon les deux techniques, autologue et homologue.

Dans les deux cas, les conditions de conservation sont liées aux accidents. La chaîne du froid ne doit pas être rompue, le sang doit être prélevé en milieu stérile, conservé à +/- 4 degrés. Les concentrés congelés nécessitent une technique de traitement très particulière et une conservation à très basse température. La moindre rupture de la chaine du froid aura des conséquences dramatiques sur la santé du sportif. Dans la technique homologue, une incompatibilité entre receveur et donneur peut apporter des accidents gravissimes.

Toutes ces techniques exigent la participation de médecins, biologistes, laborantins spécifiquement préparés puisqu’il faut prélever, stocker, conserver, centrifuger, séparer, congeler, retravailler, réintroduire le sang et le reperfuser.

Enfin, dans les techniques homologues, le sang doit être analysé, vérifié ; le risque est important dans la transmission de maladies virales, infectieuses, comme les hépatites et le sida.

Les complications médicales

– syndrome pseudo-grippal avec frissons hyperthermiques
– insuffisance circulatoire avec œdème aigu du poumon, coma, voire décès
– hypocalcémie grave pouvant provoquer des crises de tétanisation
– accident de compatibilité avec malaise cardiaque et choc
– choc infectieux passant par des fièvres importantes pouvant conduire au collapsus cardio-vasculaire
– complications au long cours : hépatite virale, sida, …
– hémochromatose pouvant conduire jusque l’insuffisance et la défaillance cardiaque

Le dépistage

Le dépistage est indirect lorsque un sportif présente des signes évidents de maladies pouvant être en relation avec des techniques artificielles de transfusion sanguine.

Les transfusions autologues restent difficiles à mettre en évidence par mesure indirecte du taux de globules rouges dans le sang. Comme l’E.P.O. dans le cadre du suivi longitudinal, un taux anormalement haut d’hématocrite aura pour conséquence d’interdire le sportif aux compétitions pendant un temps déterminé.

Les chiffres sont suspects pour les hommes au dessus de 47% et pour les femmes au dessus de 44%.

Plusieurs paramètres sanguins font partie également de l’analyse indirecte.

Pour les transfusions homologues, il serait intéressant d’émettre la possibilité de l’identification de l’A.D.N. Toutefois, si cela est difficile, il est aujourd’hui possible d’obtenir les moyens de mettre en évidence la réalité d’un dopage sanguin par transfusion homologue.

S’agit-il d’un dopage magique ?

Oui, si l’on considère le simple effet qui booste l’organisme avec une amélioration du taux de transfert en oxygène. Ce coup de baguette magique transformant un âne en cheval de course n’est toutefois pas suffisant pour transformer un sportif amateur en bête de course professionnelle. Il est donc déconseillé de jouer les apprentis sorciers, car seul un entraînement bien conduit associé à une bonne hygiène de vie, à une diététique sportive adaptée, à une prise en charge psychologique, à une amélioration des techniques et du matériel peut améliorer la performance sportive en permettant à un très bon coureur de trouver un coup de pouce naturel à sa performance.

Législation

Le dopage sanguin, par la transfusion sanguine ou toute autre méthode dangereuse pour la santé, est interdit par toutes les règlementations internationales, pendant et en dehors des compétitions.

Chapitre Méthode Interdites : M1 : amélioration du transfert en oxygène a) le dopage sanguin b) l’usage de produits qui améliorent le transfert de l’oxygène M2 : manipulation pharmacologique, chimique et physique M3 : dopage génétique

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Suivi biologique du sportif : l’hémogramme normal, pathologie et suspect de dopage
Auteur(s) : Docteur Léonardo MAGRO / Version : 2009
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