La pratique du vélo est sans aucun doute celle qui occasionne le plus de douleurs au niveau de la selle, en raison bien entendu du nombre d’heures en position assise que l’on passe sur son vélo.
Que l’on soit sportif loisir, amateur chevronné ou professionnel, nul n’est à l’abri d’une inflammation du périnée, avec l’apparition de douleurs dans le cadre des «maux du séant».
Les frottements peuvent provoquer des douleurs mal placées liées bien entendu au contact du matériel, comme l’usure prématuré du revêtement de la selle ou une lésion dermatologique préexistante.
Les facteurs prédisposant
La selle : les réglages de la hauteur de selle, du recul de selle et de l’engagement des cales sont à mettre en cause. Les selles doivent être adaptées à la morphologie de la personne mais aussi à la pratique. Les selles fendues n’étant qu’une solution pour les petites sorties en raison des risque d’ échauffements.
- matériel neuf ou inadapté à la route, la performance ou aux les conditions météo
- durée de pratique inhabituelle
- sudation, mauvaise hygiène
D’autres facteurs prédisposant peuvent exister, liés à des fuites urinaires, des dérèglements gastro-intestinaux ou tout simplement une méforme qui conduit à modifier son geste technique et par cela même à augmenter de façon abusive les frottements parasites.
Les infections du périnée
Le cycliste, quel que soit son sexe, sera soumis lors de la pratique de son sport favori à plusieurs types de contraintes, qui sont :
- les frottements
- les compressions
- les microtraumatismes
- l’adaptation assise/selle
L’apparition d’un certain nombre d’infections cutanées, mal placées, peut s’auto-médicaliser en raison des problèmes de pudeur qui peuvent gêner la consultation.
On pourra appeler quelquefois l’apparition de ces grosseurs cutanées «troisième testicule du sportif».
Infections dermatologiques
Il s’agit d’allergie urticaire ou de simples rougeurs liées à l’utilisation d’un produit allergisant ou de l’utilisation d’un savon ou d’une crème inadaptée.
Il peut s’agit aussi d’irritations de type abrasive.
Bien souvent, tout peut rentrer dans l’ordre par l’arrêt du facteur allergisant et le massage avec une crème.
Les kystes du cycliste
C’est un gonflement liquidien d’origine « mécanique » au niveau d’une glande sébacée ou sudoripare (excrète la sueur). Le canal excréteur étant obstrué, le liquide s’accumule et forme un kyste.
Souvent localisé au niveau du périnée, il est entretenu par la pression et les frottements de la selle. Cette formation liquidienne prend l’aspect d’une tuméfaction plus ou moins profonde sous la peau, qui grossit par poussées successives, jusqu’à devenir gênante.
Quelques adénopathies inguinales peuvent apparaître, témoignant d’une réaction immunitaire face à la surinfection du kyste par un germe. Le port d’un cuissard avec protection graissée constitue le meilleur facteur préventif.
L’évolution se fait souvent vers la chronicité, avec des récidives régulières. Le traitement est dans un premier temps médical, avec une antibiothérapie soit locale en pommade, soit générale en comprimé en cas de surinfection. Certaines récidives justifient parfois un recours chirurgical (soit incision du kyste, soit exérèse complète).
A noter que le danger premier de ces kystes en dehors de la gêne est représenté par l’infection secondaire qui peut venir se greffer sur cette tumeur.
Le saviez-vous
Les kystes vulvaires sont très fréquents chez la cycliste.
La majorité des kystes cutanés de la vulve sont en relation avec l’appareil pilo-sébacé. Toutefois le nodule fibreux sous-cutané qui est uni latéral à la hauteur des tubérosités ischiatiques doit se différencier du lymphoedème chronique unilatéral des grandes lèvres sont des pathologies spécifiques de la cycliste (Surtout lors de grosse chaleur et sortie sur pavés)
Il existe d’autres kystes comme le kyste wolffien, qui n’occupe souvent que la partie moyenne de la grande lèvre, le kyste de la glande de Bartholin est situé au niveau du tiers postérieur de la grande lèvre et au niveau du vestibule et les kystes muqueux siègent surtout sur les petites lèvres et la région péri-urétrale.
Furoncles
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Il s’agit essentiellement d’un petit abcès qui se forme de façon isolée sous la peau, venant se greffer sur un follicule pileux, et surinfecté par le staphylocoque. Le furoncle peut se transformer en furonculose,
c’est-à-dire la contagion locale par l’apparition de multipoints surinfectés.
Dans ce cas précis, il faut vérifier un facteur de risque supplémentaire, représenté par le diabète ou une mauvaise hygiène de vie avec une surutilisation du sucre dans l’alimentation.
Le traitement sera dans un premier temps local, avec une désinfection par un savon antiseptique ou d’hygiène intime; l’application d’une solution complémentaire antiseptique de type « bétadine » et le tamponnage des petits points de furoncle par une solution d’alcool iodé. Il faut à tout prix éviter d’y toucher et de se gratter, car la contagion est rapide. Toute forme de macération sera déconseillée, les pansements occlusifs sont à bannir.
Thromboses annales
La douleur d’apparition brutale et la perception d’une tuméfaction qui peut saigner évoquent une thrombose hémorroïdaire externe isolée avec ou sans étranglement. La douleur d’installation brutale mais peut se déclencher après la sortie en vélos souvent la nuit.
Le frottement avec la selle, la chaleur, la déshydratation peuvent entre des facteurs déclenchant.
Trucs et astuces pour une bonne hygiène locale
- lavage du cuissard tous les jours
- entretien régulier peau de chamois
- talcage de l’entrejambe ou pommade type mitosyl
- hygiène locale solution gynéco ou type intime
- soins antiseptiques à la Bétadine
- pansements alcoolisés
- pommade antibiotique type Fucidine
- tanner la peau = préparation magistrale : alcool à 60° 220 g + camphre 16 g + formol 16 g
- sur ampoule non infectée : solutions de collodion
- bains de siège au permanganate de potassium 1/10.000
Anthrax
Il s’agit d’une infection plus importante de la peau, avec une lésion plus étendue que celle du furoncle. Il s’agit d’un véritable abcès infectieux. Cette tuméfaction est dure, douloureuse, rouge, suintante, et peut se percer en une multitude de petits trous d’une grandeur d’une tête d’épingle où se mêlent pus, sang jaunâtre,
ou sang pur.
L’anthrax peut se compliquer d’un syndrome général, avec frissons, fièvre, douleur, et syndrome pseudo-grippal.
Le traitement doit être réalisé sous forme d’incision, en milieu septique et chirurgical.
L’hypodermite du cycliste (Hygroma)
C’est une autre complication des frottements et de la pression exercée par la selle sur le périnée, localisée au niveau des tissus sous cutanés.
Avec la répétition des entraînements, le tissu sous cutané devient inflammatoire, et secrète un liquide séreux qui finit par se collecter, pour former une « bourse ». Cette collection devient de plus en plus volumineuse au point de ressembler au classique « troisième testicule » du cycliste ! Cette bourse peut être suffisamment grosse pour venir comprimer les structures sous-jacentes et en particulier provoquer des sensations d’endormissement.
Tous les sportifs peuvent être concernés par l’apparition d’un hygroma. Toutefois, chez le cycliste, cet hygroma sera très gênant puisque se plaçant au niveau du contact de la selle au niveau du périnée.
Le traitement est délicat, dans la mesure où l’hygroma peut récidiver dès son évacuation par ponction. Dans les cas rebelles, l’excision chirurgicale est souhaitable. Afin d’éviter les récidives, lors de la ponction, le médecin fera souvent une injection d’un mélange de corticothérapie (et remplir une demande d’A.U.T. si nécessaire).
Les lésions par compression
Compression du nerf honteux interne
Il s’agit d’une irritation du nerf honteux interne, suite à des microtraumatismes répétés lors de la pratique du cyclisme en dehors de toute technique dite en danseuse.
Les conséquences de cette irritation sont très handicapantes pour le sportif, qui présente une insensibilité de la verge et une fuite urinaire par non contrôle des sphincters.
Il est important de différencier cette symptomatologie d’une autre pathologie qui s’appelle le syndrome de la « queue de cheval », rencontrée dans le cas de problème au niveau du dos.
Le traitement consiste à modifier la compression en changer la taille ou l’orientation de la selle, ou à suspendre tout entraînement et toute pratique du vélo pendant quelques semaines.
Bursite ischiatique
Il s’agit d’une technopathie sportive par une inflammation d’une bourse séreuse située entre la tubérosité et les muscles fessiers. La douleur gêne le pédalage. Le traitement est celui général de toute bursite, quelle que
soit sa localisation : glaçage, application locale d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, et modification de la position du cycliste.
Dysfonction érectile
Il s’agit d’atteinte neurologique ou vasculaire suite à une compression loco-régionale par une mauvaise position ou par une durée de pratique trop longue.
Les facteurs complémentaires sont à rechercher : diabète, tabagisme, hypercholestérolémie, hypertension artérielle, syndrome métabolique …
Une exploration par imagerie complémentaire est souvent souhaitable.
Pathologies spécifiques chez la cycliste
Le développement de la pratique du cyclisme féminin, quelle que soit la technique (route, VTT, etc.) amène lors de l’assise les mêmes conflits que ceux que l’on peut rencontrer chez leurs homologues masculins. L’inflammation des organes génito-externes et en particulier les lèvres vont donner des lésions chroniquesou aigues vulvo-périnéales.
Toutes les lésions dermatologiques décrites chez les hommes peuvent se rencontrer chez la femme. Toutefois, la spécificité des lésions vulvo-périnéales et la possibilité de l’atteinte des vaisseaux lymphatiques sous-jacents peuvent provoquer un œdème relativement important, occasionnant des conséquences fonctionnelles non négligeables. Dans ce cas, l’arrêt de la pratique semble être une urgence. Le drainage lymphatique peut être conseillé.
Conclusion
Les lésions sont donc toutes liées au nombre d’heures de pratique, associées à un équipement défaillant, et une hygiène mal conduite. La prévention passe par l’adaptation progressive du nombre d’heures passées sur le vélo et la pratique d’un entraînement adapté. Que l’on soit cycliste amateur ou professionnel, le réglage du vélo et de la selle garde toute son importance.
Demander conseil à un technicien reste souhaitable. Il ne faut pas oublier également que l’anatomie de la selle, le creux de la selle, sa largeur et sa souplesse jouent un rôle très important pour le bien-être du cycliste. La forme sera adaptée au périnée et à ses habitudes.