Les atteintes musculaires sont fréquentes en sport et celle des muscles ischio-jambiers est la plus courante des lésions musculaires chez le sportif.
Tous les sports sont concernés mais les ruptures en plein sprint sont explosives, les sports de contact, de course et de saut sont les plus souvent en cause.
Dans les sport collectifs le football et le rugby sont responsables d’un grand nombre de blessures aux ischio-jambiers de la simple élongation à la rupture musculaire.
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Quelques statistiques
Selon les études et cohortes 15 à 25% des blessures en sports collectifs entraînent des lésions musculaires des membres inférieurs et 25% des joueurs se plaindront de lésions musculaires aux ischio-jambiers pendant la saison sportive. A noter que plus le niveau s’approche du loisir plus les incidences sont élevées.
Les rechutes sont importantes de 4 à 10% et plus on s’approche du haut niveau plus l’incidence est élevée et les causes doivent être analysées afin de limiter ces récidives entraînant de longues semaines en dehors des stades et une perte financière et sportive.
Circonstances de survenue des blessures aux ischio-jambiers
- Lors d’une grande accélération ou d’un geste forcé « coup de poignard dans un ciel serein ».
- Une flexion de hanche brutale jambe tendue (chute en avant pied fixé au sol).
- Une extension brutale du genou hanche fléchie (sprint ou shoot).
- Choc direct ou indirect (chute à ski et ski nautique).
Gravité des lésions musculaires
Élongation, contracture, contusion, déchirure et rupture sont des lésions répondant à des tableaux cliniques mixtes. La rupture haute et complète des tendons ischio-jambiers est rare mais doit être pris en charge avec un protocole médico chirugical.
Les signes cliniques
- Une violente douleur parfois syncopale (impression de coups de poignard) derrière la cuisse.
- Déficit musculaire brutal avec un appui impossible (impotence fonctionnelle).
- Hématome, voussure, vide musculaire et disparition du relief musculaire.
Prise en charge sur le terrain
Protocole GREC : glace, repos, élévation, contention, compression.
► Lire notre article : Traitement des lésions musculaires
Examens complémentaires
- Une échographie avec sonde haute fréquence afin de ne pas sous-estimer la lésion en raison de l’épaisseur du muscle.
- Radiographie si suspicion d’arrachement osseux.
- Une IRM qui permet de confirmer le diagnostic et le degré lésionnel.
Traitement
- Repos et pansements compressifs.
- L’application de glace pourra être conseillée non seulement pour la prise en charge initiale, mais servira de traitement dans les premières phases de cicatrisation.
- Traitement de la douleur ou de l’inflammation.
- Traitement de l’œdème.
- Kinésithérapie avec électro-physiothérapie et drainage.
- Contentions spécifiques par bandage ou attelle, si besoin mise en décharge.
- Réadaptation à l’effort progressive et réathlétisation.
- Si désinsertion totale : chirurgie.
Prévention de rechutes
- Échauffement et étirements.
- Prévention des déshydratations, bonne alimentation.
- Musculation spécifique et travail harmonieux des agonistes et des antagonistes, proprioception, pliométrie, isocinétique, etc.
- Maîtrise du geste sportif.
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Les étirements des ischio-jambiers…
… en prévention des accidents et des récidives.
La réathlétisation post-traumatique afin de limiter les récidives
L’intégration de la course à pied dans la réadaptation fonctionnelle du joueur de football post lésion musculaire des ischio-jambiers.
Que signifie « réadaptation fonctionnelle » ?
C’est permettre à une personne blessée ou malade de retrouver progressivement ses capacités antérieures voire de les développer.
Quelle est la fonction des ischio-jambiers ?
La fonction des ischio-jambiers est importante et variera en fonction des exigences du sport et des activités de la vie quotidienne.
Pendant la course, le rôle principal des ischio-jambiers est de travailler de manière excentrique pour ralentir le bas de la jambe à la fin de la phase de swing. Des études EMG indiquent un pic d’activité des ischio-jambiers en fin de phase oscillante, avant l’attaque du pied au sol. Il y a aussi un deuxième pic d’activité plus petit pendant la phase d’appui alors que les ischio-jambiers co-contractent avec les quadriceps pour stabiliser le genou et développer une force de poussée horizontale.
En sprint, accélération, décélération et course en montée, des forces très importantes s’expriment sur les ischio-jambiers.
La course à grande vitesse a été liée aux blessures aux ischio-jambiers et s’est avérée être le mécanisme de blessure pour plus de 80% des blessures aux ischio-jambiers dans le football d’élite. Des augmentations importantes ou rapides des distances de course à grande vitesse augmentent également le risque de blessure aux ischio-jambiers.
Exercices de rééducation des ischio-jambiers
Il est établi que pour reproduire les exigences de la fonction, les exercices de rééducation devraient idéalement impliquer une activité excentrique à charge élevée. Mais la meilleure rééducation pour courir vite, c’est encore de courir vite !
En rééducation, nous devons être très prudents, en respectant la physiologie humaine et les délais de cicatrisation des tissus. Ainsi il est possible de proposer en accord avec les médecins une première phase de « remise » en contraction des muscles et de mobilisation des réflexes myotatiques puis, en tenant compte de la capacité du sportif à récupérer sans fatigue musculaire, de reprendre précocement la course puis la course rapide.
Reprise de la course
Elle doit se faire de façon progressive. Une fois que le patient peut marcher sans gêne ni douleur nous pouvons lui proposer d’alterner :
- 30 mètres de course / 20 mètres de marche ou 1 min / 1 min.
Ce qui est important ici c’est l’éducation du patient : « Nous allons reprendre la course alternée à 25% de votre vitesse maximale ». C’est au patient de déterminer ce que représente 25% de sa vitesse maximale, nous allons évoluer au ressenti du patient.
La suite de la progression se fera vers la course continue :
- 10-15-20-25-30 min à 30%-40%-50%-60%-70% de la vitesse maximale.
- Entre 70 et 90% de la vitesse maximale, l’entrainement se fera sous la forme d’interval training et une progression de 10 en 10% puis de 5% en 5% entre 90 et 100% de la vitesse maximale.
Pour la suite, on intégrera les exercices pliométriques à basse puis haute amplitude, les changements de directions, les déplacements avec ballon et enfin la réintégration dans les séances d’entrainement avec l’équipe.
Savoir s’adapter…
Comme pour la plupart des soins de santé, il n’y a pas de recettes pour la rééducation fonctionnelle des ischio-jambiers. Nous devons adapter, individualiser, notre sélection d’exercices et notre progression aux besoins du sportif. Mais les recommandations et consensus de tous les centres spécialisés en milieu sportif doivent nous guider afin de répondre aux demandes du monde du sport, pas toujours cohérentes : reprise la plus vite possible et sans séquelle en retrouvant la forme d’avant la blessure !
*A propos de l’auteur
Aurélien PASSERI est Co-Gérant de Kiné Lille Formation, un organisme de formation continue spécialisé dans le domaine de la rééducation.