Le eSport (ou sport électronique), devenu réalité en 1997 à Los Angeles, c’est pratiquer un jeu vidéo en réseau à l’aide d’une console ou de tout autre support devant un écran.
Les spectateurs deviennent aussi nombreux, comme pour tout autre sport réel.
eSport et eAthlètes aux JO ?
La possibilité de voir un jour l’eSport aux Jeux Olympiques prend corps, malgré la question de la dimension sportive qui se pose toujours autant. Actuellement, les instances du Comité International Olympique (CIO) se disent favorables à l’entrée de l’eSport aux JO mais pour des jeux rigoureusement non violents ; des rapprochements et des passerelles entre le e-sport et les instances olympiques sont en cours, mais pour les JO de Paris, le CIO n’est pas encore prêt. Peut-être pour les J.O de Los Angeles de 2028.
Pour avoir une idée du phénomène eSport, League of Legends est l’un des jeux les plus pratiqué au monde (100 millions de joueurs). La finale 2017 des championnats d’Europe s’est tenue pour la première fois en France, à Paris, devant 20 000 spectateurs présents dans le stade de AccorHotels Arena (Bercy). La finale des mondiaux de LoL se jouait à Pékin début novembre 2017.
Les eSeries de Roland-Garros
Alors que le tennis voit son nombre de licenciés diminuer au fil des années, la FFT et Roland-Garros s’est tourné sur un sport en plein essor, l’eSport. Une possibilité marketing permettant d’attirer un nouveau public, plus jeune (15-30 ans). Le tournoi de la Porte d’Auteuil, pour son édition 2018, s’est alors distingué en devenant le premier tournoi du Grand Chelem à mettre en place sa compétition de sport virtuel. De son côté, BNP Paribas, partenaire du tournoi y compris dans ce projet, réaffirme son engagement innovant dans le tennis. Déjà en 2005, la banque française co-créait avec PlayStation le « Roland-Garros Virtual Tour », premier tournoi de tennis virtuel, réservé aux 12-25 ans.
De nombreux jeux vidéo rencontrent ce type de succès et nécessitent pour les participants, dont certains exercent à un niveau professionnel, de très nombreuses heures à manipuler clavier, souris, ou manette, le plus souvent en position assise. Comme nous allons le voir, cela n’est pas sans conséquences sur l’organisme. Des précautions s’imposent.
Les pathologies fréquentes en eSport
Les Troubles musculo-squelettiques (TMS) et douleurs articulaires
La ténosynovite De Quervain
Cette tendinite du pouce est aussi celle retrouvée dans le monde du travail ou du sport appelée une ténosynovite De Quervain. Il s’agit d’une pathologie inflammatoire du pouce et du poignet. On la retrouve chez les musiciens, les secrétaires, les caissières, les sportifs sollicitant leur poignet, les bricoleurs ponceurs, les peintres, etc. Cette tendinite, ténosynovite, ou technopathie, implique toujours des gestes répétitifs des doigts, des mains ou des bras.
Cervicalgies
Le fait de conserver la tête baissée trop longtemps et de se pencher pour consulter son mobile par exemple engendre une hyper sollicitation de la tête, un blocage du cou et une hyper extension de la colonne vertébrale, à l’origine des douleurs. En effet, plus l’inclinaison de la tête (qui pèse déjà seule près de 5 kg) est grande, plus la tension supportée par la nuque est importante.
Le syndrome du canal carpien (CTS)
Le canal carpien est une lésion qui touche la main et le poignet. En effet le canal carpien est un espace délimité par les os du poignet et un ligament rigide qui relie les os les uns aux autres. C’est une limitation de cet espace qui comprime alors les nerfs dont le médian provoquant les signes cliniques dont les paresthésies.
Les pathologies de concentration
Il est mentalement difficile d’enchaîner les parties sans perte de concentration et d’essayer de trouver les ressources pour rejouer et se retrouver la concentration après avoir perdu une partie. Les personnes peuvent perdre la capacité de mémorisation par stress induit.
Les problèmes de vision
Rester plusieurs heures assis devant un écran fatigue énormément les yeux et peut dégrader le sommeil (excitation de la rétine). Les écrans peuvent aussi provoquer un effet stimulation néfaste pour les potentiels épileptiques.
Les problèmes d’agressivité
Certains échanges avec la communauté des joueurs peuvent parfois mal tourner ! Suite à une erreur les échanges verbaux peuvent vite se transformer en insultes et menaces. Il est vrai que cela n’est pas exclusif au eSport ! Les personnes fragiles peuvent devenir agressives envers leur entourage ou leurs animaux familiers.
La perte de sommeil
Le cerveau a besoin de repères pour déclencher les phases du sommeil. Il est peu facile de trouver le sommeil immédiatement après avoir joué plusieurs heures. La pathologie est d’autant plus inscrite que la personne consommera des somnifères pour trouver ce sommeil. Une étude médicale des phases du sommeil sera alors proposée pour traiter ce véritable déficit chronique.
La saturation physique ou psychique
La longévité e-sportive est courte. La plupart des joueurs s’arrêtent, au plus tard, à 25 ans et doivent donc retrouver une vie professionnelle et familiale. Les jeux d’argents comme le poker en ligne sont-ils des eSport ?
Les troubles du comportement
Comment revenir du virtuel afin d’assumer le réel ? Attention, à la déstabilisation psychologique qui peut conduire à une désocialisation ! Le « syndrome de Superman » : les adeptes des jeux virtuels veulent voler comme leurs héros et se tuent ou se suicident.
La « Geekite »
La tendinite virtuelle des fans d’informatique, de science-fiction, de jeux vidéo, etc., toujours à l’affût des nouveautés et des améliorations à apporter aux technologies numériques. C’est une « tendinite cérébrale » qui peut conduire à l’apparition de douleurs diffuses ou autre trouble du comportement par syndrome de manque !
L’addiction
Comme tous les sports, le e-sport ne peut pas échapper à l’addiction destructrice. Il faut pratiquer avec modération et savoir se faire aider avant la phase de déni qui conduit aux conduites addictives.
Les conseils du Doc by IRBMS pour améliorer les conditions de pratique
La feuille de route interministérielle, fondatrice de la stratégie nationale « Stratégie Esport 2020-2025 », a pour objectif de faire de la France le leader européen du secteur à horizon 2025.
Sources : https://www.entreprises.gouv.fr/fr/numerique/politique-numerique/strategie-esport-2020-2025
Les conseils de prévention pour limiter les effets néfastes, ceux-là mêmes qui pourraient vous priver de jouer durant une longue période.
Il faut comprendre par ailleurs que ces consignes sont aussi valables pour toutes les personnes qui passent de nombreuses heures derrière un écran d’ordinateur, au bureau par exemple, et qui souffrent, entre autre, d’un mal de dos.
Le eSport est un sport d’endurance et de concentration psychique, et nécessite de respecter certaines consignes :
Hydratez-vous
- Une partie peut durer de nombreuses heures. Aussi, pensez à vous hydrater en buvant toutes les 45 minutes 200ml d’eau.
- Évitez les excitants comme le café ou les boissons énergisantes, car c’est un leurre de croire que les excitants vont stimuler les performances cérébrales ! Si certains d’entre eux peuvent permettre de prolonger l’état de veille, les excitants n’améliorent en aucun cas les capacités intellectuelles ou la concentration. Bien au contraire, ils « énervent », accentuent le stress, augmentent la fréquence cardiaque (ce qui génère du stress), nuisent à l’adaptation à l’effort (cérébral), induisent une perte de confiance en soi, déstabilisent le joueur et donc son partenaire !
Préparez-vous physiquement
- La condition physique et l’état de forme conditionne la réussite en assemblant concentration, coordination et lucidité.
Ménager des pauses récupération
- Profitez de ces temps pour manger un en-cas afin d’apporter aux muscles et cerveau de l’énergie mobilisable rapidement.
Stop au dopage
- La prise de psychostimulants est dangereux pour la santé. Elle réduit à termes vos capacités en vous faisant gagner en temps actifs ce que vous perdez en coordination et lucidité pour un résultat décevant et inefficace. Attention, donc, aux conduites dopantes et addictives qui se prolongeront au-delà du eSport.
Il existe des structures de prise en charge pour le suivi médical et d’aide à la préparation des eSportifs professionnels. Il s’agit essentiellement de préparateurs sportifs et d’ostéopathes que l’on peut retrouver sur les lieux mêmes des tournois. On rappellera qu’il existe des décrets réglementant l’activité et la formation des ostéopathes en France, et que la préparation physique nécessite des connaissances médicales surtout dans au sein d’une population très exposée aux maladies chroniques, comme l’obésité, liées aux méfaits de la sédentarité.
Le saviez-vous ?
Le eSport des pilotes de formules 1
Depuis l’interdiction des essais privés sur les circuits des grands prix du championnat du monde, les équipes ont réalisé des stimulateurs de courses et de circuits permettant de ressentir le revêtement du sol et bien entendu les virages et leurs inclinaisons. Les pilotes font donc leurs essais en eSport pendant des heures dans le baquet de leur monoplace virtuel !
Conclusion
Forme moderne de la pratique d’une passion, le eSport provoque les mêmes effets néfastes qu’un sport mal pratiqué. Il provoque en plus une excitation cérébrale pouvant conduire à l’apparition de véritables dépendances. Celles-ci induisent de nombreux troubles physiques et psychiques et détruisent la vie sociale et le travail.
La modération fera du eSport une activité ou une passion que l’on pourra partager entre amis.
Pour les plus curieux, sachez que dans le projet de loi du gouvernement pour une République Numérique (2016), deux parlementaires, Rudy Salles et Jérôme Durain, ont été chargés d’étudier l’eSport d’un point de vue social et économique. Ce rapport intermédiaire intitulé « eSport, la pratique compétitive du jeu vidéo » est disponible sur le site du ministère de l’économie.