Depuis 1990, les adolescents ont perdu 25% de leur condition physique.
En 1971, un collégien courait 600 mètres en 3 minutes, en 2022 il lui en faut 4 minutes (Professeur François Carré, Rennes).
La recommandation d’au moins 60 minutes d’activité physique par jour est respectée par 50% des jeunes avec un déficit chez les jeunes filles.
Or c’est dès le jeune âge qu’il est important de forger les habitudes de toute une vie en bougeant plus !
Vous pouvez voir ou revoir notre entretien, « Se lever et bouger, un enjeu de santé public ! », avec le Professeur Carré sur notre chaine YouTube.
Devant ce constat alarmant et la perte des repères « sportifs », à l’école notamment, on a malgré tout abandonné des tests de terrain simple pour inventer des questionnaires ou autres tests plus « modernes ». Mais tous les physiologistes sont unanimes, la Vo2Max reste le meilleur indicateur de la bonne santé future.
L’évolution sociétale vers un monde sédentaire
La santé des jeunes est menacée par le niveau de sédentarité qui augmente chaque année selon l’OMS : « Il est préoccupant d’observer que les filles sont généralement moins actives que les garçons » a déclaré Leanne Riley, de l’OMS. « Il faut trouver plus de façons de répondre aux besoins et aux intérêts des filles afin de les inciter à commencer une activité physique et à poursuivre sur cette voie, à l’adolescence puis à l’âge adulte. » (Consulter la source).
Les recommandations de l’OMS afin d’éviter la perte de condition physique
- Les enfants et les adolescents de 5 à 17 ans devraient consacrer en moyenne 60 minutes par jour à une activité physique d’intensité modérée à soutenue, principalement d’endurance, tout au long de la semaine.
- Des activités d’endurance d’intensité soutenue, ainsi que celles qui renforcent le système musculaire et l’état osseux, devraient être pratiquées au moins 3 fois par semaine.
- Le temps de sédentarité devrait être limité, en particulier le temps de loisir passé devant un écran.
Un constat alarmant en chiffre
- 80 des 11-17 ans sont en dessous des seuils d’activité physique recommandés par l’OMS 2020
- 66% des adolescents font face à un risque sanitaire préoccupant du fait de la combinaison entre la trop grande inactivité et la dépendance aux écrans
- 50% des jeunes entre 16 et 30 ans déclarent passer plus de 6 heures devant les écrans
- 40% des étudiants ne pratiquent aucune activité physique
- 34 % des enfants entre 2 et 7 ans sont en situation de surpoids ou d’obésité
- en 25 ans, les enfants ont perdu 40% de leurs capacités cardio-respiratoires. Or, on connait l’importance de la Vo2Max pour l’avenir et le vieillissement.
Promouvoir l’activité physique Grande cause nationale 2024 : Chaque jour, je bouge 30 minutes
Une réalité signalée par les élus de la République
En 2020, M. Pascal Allizard, Sénateur LR du Calvados attire l’attention de M. le Ministre des Solidarités et de la Santé à propos de la dégradation de la condition physique des jeunes Français.
Il rappelle que les médecins, notamment les cardiologues, alertent depuis plusieurs années sur les dangers des modes de vie sédentaires, de la mauvaise alimentation et du tabagisme sur la santé, en particulier des plus jeunes (Lire cette Question écrite n°18021 – 15e législature).
Une récente étude vient de confirmer qu’en 50 ans la capacité physique des 7-18 ans avait baissé de 25 %. Or, le capital santé d’un individu se construit jusqu’à 18 ans, et la diminution de la capacité physique des jeunes générations pourrait conduire à une plus courte espérance de vie que celle de leurs aînés.
Le dernier panorama de la santé de l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) signale d’ailleurs que « depuis peu, l’espérance de vie progresse moins vite dans la plupart des pays de l’OCDE, en particulier aux États-Unis, en France et aux Pays-Bas ».
En France, le corps médical constate le développement du surpoids et du diabète chez les plus jeunes, un phénomène encore rare il y a quelques années.
Ces évolutions regrettables constitueraient une régression en termes de santé publique et auraient un impact significatif sur le système de santé. Par conséquent, il souhaite savoir quelles politiques publiques le Gouvernement compte mettre en œuvre pour inverser cette dégradation des capacités physiques des jeunes.
► La Campagne de Santé Publique France
Les adolescents français ne bougent pas assez
Pourtant, selon les résultats de l’étude Esteban1 parmi les enfants de 6-17 ans, seulement 50,7 % des garçons et 33,3 % des filles atteignaient la recommandation de l’OMS : pratiquer au moins 60 minutes d’activité physique d’intensité modérée à élevée par jour.
On observe également une nette baisse de l’activité physique passé l’âge de 10 ans, davantage marquée chez les filles : sur la tranche d’âge 11-14 ans 33,7% des adolescents et 20,2% des adolescentes atteignent cette recommandation.
Par ailleurs, la proportion de jeunes passant 3 heures ou plus devant un écran chaque jour atteignait 45% chez les 6-10 ans, 70 % chez les 11-14 ans, 71 % chez les filles et 87 % chez les garçons de 15-17 ans.
Ces tendances ont pu encore se dégrader avec les contraintes liées à la pandémie due au Covid-19 ces dernières années.
► En savoir plus sur cette campagne : « Faire bouger les ados, c’est pas évident. Mais les encourager c’est important« .
Alors, comment motiver ? Comment évaluer ? Comment modifier les comportements sédentaires ?
Des conseils pour bouger un peu plus tous les jours (Manger Bouger)
Voici un test de niveau d’activité physique et de sédentarité destiné aux ados proposé par le site mangerbouger.fr : en 3 minutes, situez le niveau d’activité physique des ados et retrouvez des conseils pour bouger un peu plus tous les jours.
Evaluer le niveau des aptitudes physiques, un projet conduit par l’ONAPS
Le Contexte
L’importance de travailler sur un maintien/amélioration des niveaux de condition physique, activité physique et sédentarité n’est plus à démontrer, et de nombreux acteurs de terrain souhaitent œuvrer dans ce sens. Cependant, pour être en capacité de proposer des réponses adaptées aux besoins de la population, il est indispensable de passer par une évaluation de chacun de ces niveaux.
Nombreux sont les acteurs qui souhaitent réaliser ces évaluations pour se baser sur leurs résultats afin d’obtenir une base de travail, mais aussi, la possibilité d’observer les évolutions de ces niveaux. Malheureusement, l’accès à des ressources fiables et validées est parfois difficile et entraine une utilisation incorrecte des tests et outils, et donc l’obtention de résultats et interprétations erronés. De plus, la non-uniformité des procédures utilisées par les différents acteurs rend impossible l’analyse à grande échelle de ces résultats.
► Consulter la page du projet d’évaluation de la condition physique enfants-adolescents (ONAPS)
Objectifs
- Sensibiliser les professionnels à l’intérêt de l’évaluation et à sa méthodologie.
- Apporter une expertise et accompagner les professionnels sur l’utilisation et les spécificités de tests et d’outils d’évaluation : condition physique, niveau d’activité physique et de sédentarité, perception de la santé et qualité de vie.
- Proposer des tests/outils validés en fonction des populations ciblées pour permettre aux professionnels de mettre en place des tests validés en s’appuyant sur une méthodologie et une grille d’interprétation validées.
- Les outils proposés par l’ONAPS sont connus depuis fort longtemps, comme le test navette, mais il est toujours bon de présenter différemment les outils afin qu’une appropriation puisse se faire par ceux qui avaient oublié leurs interets.
- Harmoniser les procédures sur des tests de référence pour permettre une analyse à grande échelle.
Les fiches outils de l’ONAPS
Cliquez sur l’image pour télécharger la fiche au format PDF
La capacité aérobie
L ’EPS scolaire et/ou les APS hors scolaires peuvent-elle contribuer au développement efficace de la capacité aérobie (endurance et puissance) et donc au niveau de condition physique et de santé de l’enfant et de l’adolescent ?
► Consulter le diaporama proposé par Georges Cazorla, Lamia Boussaidi, Stéphane Suzzoni & Roland Krzentowski – ClinicProSport.
Evaluation des filières énergétiques dont l’aérobie : le règne du test navette
Il existe plusieurs filières ou chemins énergétiques permettant le mouvement. Ces filières sont :
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- Anaérobie alactique
- Anaérobie lactique
- Aérobie
Mais c’est la filière aérobie qui est le plus facile à évaluer chez les enfants et adolescents comme cela était le cas dans les collèges bien avant les années 2000 (Professeur Gerbeaux et coll. Fac des sports Lille) en évaluant la VMA (vitesse maximale aérobie).
Par ailleurs la VMA peut être estimée à partir de tests comme le COOPER, le Léger-Boucher ou le Luc Leger.
La Vo2Max peut être estimée de façon indirecte à partir du protocole d’Astrand. C’est au tout début des années 1970 que les professeurs Per-Olof ASTRAND et Kaare RODAHL ont publié en édition anglaise un livre original intitulé « Précis de physiologie de l’exercice musculaire ». Cet ouvrage, qui est encore actuellement une référence, permettait à l’ensemble du corps médical, des médecins du sport et des entraîneurs de découvrir une nouvelle notion intitulée : la « puissance maximale aérobie » actuellement beaucoup mieux connue sous le terme Vo2Max.
► Lire notre article : La capacité aérobie
Il existe un test de terrain fiable et validé le test de Luc Leger. Alors pourquoi ne pas réhabiliter ce test en priorité comme le propose d’ailleurs l’ONAPS.
Ce test imaginé par Luc Léger à l’intention des professeurs d’EPS a été conçu pour les enfants de 6 à 18 ans, quel que soit leur niveau de pratique sportive. Le test dit de « Luc Léger » est un test de terrain conçu pour calculer la vitesse aérobie maximale, plus communément appelée VMA, ainsi que pour estimer par extrapolation indirecte la consommation maximale d’oxygène d’une personne, également appelée VO2Max.
► Lire notre article : Test navette de Luc Leger
Conclusion
Retrouvons le bon sens et demandons aux enseignants d’EPS de promouvoir le « bouger plus » en évaluant les progrès sans stigmatiser les sédentaires mais en valorisant les vertus d’une bonne condition physique. Demandons aux parents d’arrêter d’acheter des trottinettes électriques et encourageons la mobilité active travaillant les filières énergétiques !
Vous trouverez d’autres ressources sur ce sujet en visitant le site de l’Association pour la Recherche et l’Evaluation en Activité Physique et en Sport (http://areaps.org/)