La reprogrammation neuro-motrice avec Allyane©, expert du mouvement
Cet article a été rédigé et présenté par Alexandre Leclercq , MKDE, praticien certifié Allyane, lors du Congrès de Médecine du sport organisé par l’IRBMS le 23 novembre 2024 à Lille.
Arthrogenic muscle inhibition (A.M.I)
L’arthrogenic muscle inhibition (ou inhibition motrice persistante), désigne une incapacité durable d’activer complètement ou partiellement un muscle. Celle-ci survient généralement à la suite d’une lésion ou d’une intervention chirurgicale.
L’A.M.I est un phénomène compensatoire durant lequel le cerveau réorganise ses réseaux neuronaux pour permettre la réalisation d’une tâche tout en protégeant l’articulation lésée.
L’A.M.I est causée par :
- La distension capsulaire/laxité articulaire
- L’inflammation
- L’altération des récepteurs sensoriels.
A court terme, la plasticité cérébrale associée à l’A.M.I est bénéfique pour compenser les déficits, mais sur le long terme, elle peut entraîner des stratégies motrices inefficaces/dysfonctionnelles.
Les principales conséquences en sont la perte de force musculaire, l’atrophie musculaire et les troubles dans la gestion des co-contractions et de la coordination inter-musculaire, perturbant ainsi la réalisation fluide du geste. Les A.M.I impactent le patient dans la fonctionnalité du membre.
En pratique, les conséquences des inhibitions motrices persistantes sont multiples.
Les patients peuvent présenter :
- Une résistance au processus de renforcement classique avec des résultats à 6 mois défavorables (asymétrie marquée),
- Un temps de réaction musculaire allongé (latence dans l’activation neuromusculaire, fasciculations),
- Des troubles fonctionnels persistants (ex : boiterie, flessum,…),
- Une activation neuro-musculaire à bas niveau,
- Des douleurs persistantes/inflammations chroniques,
- Des sensations kinesthésiques altérées.
La reprogrammation neuro-motrice
La méthode Allyane constitue un outil permettant d’optimiser la progression des patients dans leur continuum de rééducation.
Le traitement s’appuie sur une évaluation qualitative et quantitative des inhibitions motrices, incluant des analyses musculaires et fonctionnelles, tout en prenant en compte les sensations kinésthésiques rapportées par le patient. Une analyse vidéo complète l’observation.
Après avoir défini des objectifs adaptés aux attentes du patient et élaboré plan de traitement, un protocole combinant imagerie motrice (stimulation endogène) et sons de basse fréquence (stimulation exogène) est mis en œuvre.
Une ré-évaluation (qualitative et quantitative) des levées d’inhibitions motrices est réalisée appuyée par une analyse photo et vidéo. Une prescription d’exercices physiques, combinée à des pratiques d’imagerie motrice, est transmise au patient. Cet ensemble vise à optimiser le processus de réhabilitation en favorisant une récupération plus efficace.
Bilans des inhibitions motrices persistantes
Il s’agit d’une évaluation qualitative et quantitative du mouvement et de la contraction musculaire volontaire, permettant de détecter des phénomènes de compensation importants, témoignant d’une mauvaise coordination intermusculaire ou d’une incapacité partielle ou totale à activer un muscle.
L’analyse prévoit d’évaluer le secteur d’amplitude concerné, le mode de contraction ainsi que la vitesse de contraction perçue par le patient et observée par le praticien.
La vidéo constitue un outil de choix permettant également au patient un support pour la visualisation mentale externe du mouvement à corriger.
Des mesures de force isométrique, des enregistrements d’électromyographie (E.M.G) de surface, de tests fonctionnels ou tests de force à l’échec peuvent compléter l’évaluation afin d’obtenir des données quantitatives.
Une évaluation des résultats est systématiquement produite après application du protocole de reprogrammation neuro-motrice Allyane.
Imagerie motrice
Il s’agit de la « représentation d’une action sans sa réalisation physique ».
L’imagerie motrice peut être établie selon différentes modalités, en l’occurrence kinésthésique et/ou visuelle mais nous pouvons également citer les composantes auditives, olfactives et gustatives. Ces modalités peuvent être perçues de manière interne ou externe.
Le patient doit percevoir et visualiser les patterns ou mouvements fonctionnels à corriger lors de l’application du protocole. Une forme enrichie d’imagerie motrice est prévue par le protocole Allyane avec la combinaison de différentes formes.
Ce processus est guidé par le praticien et représente un travail conscient et actif pour le patient.
L’imagerie motrice est une technique active nécessitant un engagement du patient pour laquelle la notion de répétition est primordiale.
Sons de basse fréquence (S.B.F)
Les sons de basse fréquence brevetés Allyane ont une fréquence qui se situe entre 50 et 400hz selon leur nature.
Les sons de basse fréquence ont été étudiés dans la littérature scientifique pour leurs effets sur les fonctions cognitives. les SBF brevetés par Allyane ont récemment montré des effets plus marqués que ceux rapportés dans les études précédentes. Plus récemment, ces sons ont été associés à un état
attentionnel accru du cerveau.
Les SBF brevetés confèrent donc une signature neuronale spécifique, favorisant un état attentionnel élevé, qui, lorsqu’ils sont combinés avec l’imagerie motrice, donnent des résultats cliniques très encourageants.
La recherche fondamentale actuelle, notamment les travaux de Dos Anjos et al., explore plusieurs hypothèses visant à démontrer les effets cliniques de la méthode Allyane.
L’une des questions clés est de savoir si l’effet cumulatif améliore le lien cortico-moteur, ou si la modalité SBF optimise la pratique de l’imagerie motrice. Cette dernière hypothèse semble être la plus plausible.
Méthode Allyane
Les résultats de différentes études cliniques sont prometteurs. de fait, les travaux en recherche fondamentale semblent démontrer que la méthode puisse agir sur le lien cerveau/muscle, chez les personnes saines comme chez les sujets atteints d’A.M.I..
La méthode a été étudiée dans diverses publications, principalement pour les pathologies des membres inférieurs. L’A.M.I. a occupé une place importante dans la littérature scientifique concernant le traitement des ruptures du ligament croisé antérieur du genou, avec de nombreux travaux ciblant cette population de patients.
Une étude a montré un gain moyen de 45 % de l’activation musculaire du vaste médial oblique, mesuré par E.M.G., après une séance Allyane chez des patients ayant subi une rupture du ligament croisé antérieur.
La méthode Allyane est progressivement objectivée et comprise aux travers de différents travaux de recherche, fondamentale et clinique, récemment publiés et en cours de réalisation.
Indications et contre-indications
En pratique et lors de l’examen, certains signes cliniques traduisent la présence d’inhibitions motrices persistantes, tels que :
- Un retard dans le continuum de rééducation.
- Une atrophie musculaire.
- Des troubles fonctionnels persistants (boiterie, flessum, etc.).
- Des blessures récidivantes.
A contrario, la méthode présente de réelles contre-indications. en effet, pour les patients trop jeunes en âge ou présentant des troubles cognitifs dégradés, la méthode est contre-indiquée. Lorsque le trouble est d’origine mécanique, si l’atteinte est d’origine neurologique périphérique (ex. section de nerf) et si le patient est hyperalgique, il convient de proposer des solutions thérapeutiques différentes en première intention.
Praticiens Allyane
- Retrouvez la liste des praticiens certifiés à la méthode Allyane sur notre site www.allyane.com
- → Télécharger cette présentation au format PDF, 720Ko, 16 pages.
Références bibliographiques
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