
Le diabète gestationnel peut être pris en charge par une activité physique !
Toutes les femmes ne sont pas égales lors de la grossesse et certaines peuvent être victimes d’un diabète gestationnel.
Qu’est-ce qu’un diabète gestationnel et comment l’activité physique peut participer au traitement de cette complication ?
Qui est concernée ?
Si la survenue d’une grossesse est souvent considérée comme un heureux événement, c’est tout autant une période relativement fatigante et stressante pour certaines femmes. En effet, elle peut entraîner de nombreuses complications dont l’apparition d’un certain type de diabète appelé « diabète gestationnel ».
En France, la prévalence est en augmentation avec 16.4% en 2021 contre 10.8% en 2016, [1] montrant l’importance de dépister cette pathologie auprès des femmes à risque. Ce diabète se manifeste par une augmentation de la glycémie au cours des 2e et 3e trimestres de la grossesse. Dans la majorité des cas, le diabète gestationnel disparait après l’accouchement. Cette réversibilité doit être surveillée de manière rapprochée dans le post-partum-immédiat.
Cependant, il faut garder à l’esprit que le risque de récidive varie de 30 à 84% selon les études[2] et que cette complication expose également à un risque ultérieur de diabète de type 2 (communément appelé « diabète sucré » – le plus fréquent dans la population générale).[3] En dehors des complications pour la mère, il convient de rappeler que les conséquences pour le nouveau-né et lors de l’accouchement peuvent être catastrophiques avec un risque de prééclampsie (maladie vasculaire comportant une hypertension artérielle et la présence de protéines dans les urines), de macrosomie fœtale définie par un poids à terme supérieur à 4kg(pouvant être associé à un risque d’hypoglycémie à la naissance ou de dystocie des épaules), de troubles métaboliques dans l’enfance, dont le développement d’un diabète.[2]
Actuellement, les recommandations demandent à dépister le diabète gestationnel chez les femmes enceintes présentant au moins un facteur de risque parmi [4]=
- Age ≥ 35 ans
- IMC ≥ 25 kg/m²
- Antécédent familial de diabète au premier degré (père, mère, frère, sœur)
- Antécédent personnel de diabète gestationnel
- Antécédent de macrosomie lors d’une précédente grossesse (poids de naissance ≥ 4000g)
Le dépistage peut se faire à deux moments de la grossesse, par une mesure de la glycémie à jeun entre 11 et 20 semaines d’aménorrhées (SA), et/ou par une charge orale en glucose 75g (HGPO) entre 24 et 28 SA (l’HGPO sera parfois à réaliser après des résultats limites de glycémie à jeun).
Qu’est-ce que le diabète gestationnel ?
Le diabète gestationnel est défini par l’OMS comme un trouble de la tolérance glucidique conduisant à une hyperglycémie de sévérité variable, débutant pour la première fois pendant la grossesse. De manière naturelle, la grossesse est caractérisée par un état diabétogène. Cela signifie que la grossesse normale va s’accompagner de modifications transitoires du métabolisme glucidique dont une résistance à l’insuline compensée par une sécrétion insulinique plus importante. Ces modifications ont pour but de permettre des apports optimaux en glucose au bébé. [5]
Pour bien comprendre : le pancréas, un organe se situant sous l’estomac, fabrique l’insuline, une hormone dont le rôle principal est de faire baisser le taux de sucre dans le sang. Durant la grossesse, le pancréas va fabriquer deux fois plus d’insuline que d’habitude. S’il ne parvient pas à produire assez d’insuline pour réduire la quantité de glucose dans le sang, la glycémie s’élève, laissant apparaître le diabète gestationnel.
L’immense majorité des femmes ne présenteront pas de diabète gestationnel, qui est dont une mauvaise adaptation à ce phénomène physiologique.
Cette conséquence survient essentiellement lorsque l’équilibre alimentaire n’est pas respecté (une alimentation trop sucrée ou trop grasse), que le quotidien est majoritairement sédentaire et/ou lorsqu’un terrain diabétique familial existe. Elle survient plus facilement aussi lorsqu’un diabète gestationnel est apparu lors d’une grossesse précédente, du fait d’une fragilisation des cellules du pancréas. Cette fragilité explique aussi le risque de voir apparaitre un diabète de type 2 sur le long terme, si la glycémie n’est pas contrôlée en post-partum.[6]
L’objectif du traitement est l’amélioration de l’équilibre glycémique, en proposant dans un premier temps une adaptation alimentaire et une activité physique adaptée, avec les professionnels concernés (notamment diététiciens et/ou nutritionnistes pour les adaptations spécifiques au diabète gestationnel [7]) et une autosurveillance rigoureuse de la glycémie. Si aucune amélioration n’est constatée après 10 jours d’application de ces règles hygiéno-diététiques, un traitement par insuline sera à introduire. Il est donc fondamental pour la femme enceinte à risque ou victime de diabète gestationnel de mettre en place une activité physique régulière.
L’Activité Physique Adaptée (APA) : un moyen non-médicamenteux pour mieux réguler son diabète de grossesse.
Autrefois, l’exercice physique pendant une grossesse n’était pas recommandé par les médecins…mais les temps changent !
Il existe des programmes permettant de pratiquer une activité physique adaptée aux besoins et aux capacités de chaque femme. Ces séances se doivent d’être encadrées par des intervenants qualifiés tels que les professionnels en Activité Physique Adaptée (APA). Issus d’une formation universitaire spécifique (filière APA et Santé des UFR STAPS), ces professionnels sont capables de concevoir, programmer et évaluer un programme d’activités physiques, adaptées aux besoins et/ou aux caractéristiques de chaque personne. Ils agissent à des fins de prévention et de réhabilitation, auprès d’un large public.
L’activité physique participe au bien–être et à l’épanouissement personnel. Elle permet également de se préparer à l’accouchement.
Les recommandations d’activité physique lors de la grossesse doivent respecter plusieurs règles et contre-indications afin de pratiquer en sécurité pour la femme enceinte et l’enfant à naître.
En cas de question ou de doute= toujours se référer à son gynécologue-obstétricien !
Le Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français recommande 30 minutes d’activité physique 3 à 5 fois par semaine (ou 150 minutes/semaine), à intensité modérée.
Les activités physiques recommandées sont essentiellement la marche, la natation, le vélo d’appartement, la gymnastique douce, les activités d’expression corporelle.
La glycémie doit être impérativement contrôlée lors de la pratique d’une activité physique chez la femme enceinte avec pour objectifs [8]=
- Glycémie à jeun < 0.95 g/dL
- Glycémie 2 heures après le début du repas < 1.20 g/dL
Au service de la prévention primaire « avant grossesse », secondaire « au cours de la maladie » et tertiaire « lorsque la maladie est irrémédiable », l’activité physique adaptée et individualisée améliore de nombreux paramètres. Des méta-analyses récentes mettent en avant le rôle important du sport dans la réduction du risque de diabète gestationnel et dans le meilleur contrôle de la glycémie. [9] [10] Même en période de post-partum, lorsque le contact avec le système de santé diminue parallèlement avec le retour à la vie active, il est important de poursuivre les efforts acquis pendant la grossesse afin de prévenir tout risque cardiovasculaire ou métabolique ultérieur.[11]
L’activité physique est un traitement complémentaire et fondamental du diabète gestationnel !
Elle apparaît indéniablement comme un moyen de prévention incontournable. Il est donc essentiel d’adopter un mode de vie actif le plus tôt possible et de poursuivre une activité physique régulière tout au long de sa vie et ce, même après « un diagnostic » de diabète gestationnel.
Les différentes prises en charge actuelles permettent dès lors, un accompagnement progressif, sécurisé et personnalisé vers une activité physique, adaptée aux capacités et besoins de chaque pratiquante.
Bibliographie
- Meykiechel T, Bourcigaux N, Christin-Maitre S. Le diabète gestationnel : diagnostic et prise en charge. Anesthésie & Réanimation. 1 juill 2023;9(3):268‑76.
- Texte des recommandations. Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction. déc 2010;39(8):S338‑42.
- Masson E. Physiopathologie du diabète gestationnel [Internet]. EM-Consulte. [cité 3 janv 2025]. Disponible sur: https://www.em-consulte.com/article/114603/physiopathologie-du-diabete-gestationnel
- diabete_gestationel_et_pandemie_covid-19.pdf [Internet]. [cité 3 janv 2025]. Disponible sur: https://www.sfdiabete.org/files/files/Divers/diabete_gestationel_et_pandemie_covid-19.pdf
- Vambergue A, Fontaine P, Puech F. Physiopathologie du diabète gestationnel. 2025;31.
- Pirson N, Maiter D, Alexopoulou O. Prise en charge du diabète gestationnel en 2016 : une revue de la littérature. 2016;
- reco_nutrition_diabete_gestationnel_2022_v2.pdf [Internet]. [cité 3 janv 2025]. Disponible sur: https://www.sfdiabete.org/sites/www.sfdiabete.org/files/files/ressources/reco_nutrition_diabete_gestationnel_2022_v2.pdf
- Eades CE, Cameron DM, Evans JMM. Prevalence of gestational diabetes mellitus in Europe: A meta-analysis. Diabetes Res Clin Pract. juill 2017;129:173‑81.
- Xu H, Liu R. Comprehensive management of gestational diabetes mellitus: practical efficacy of exercise therapy and sustained intervention strategies. Front Endocrinol (Lausanne). 3 oct 2024;15:1347754.
- Xie W, Zhang L, Cheng J, Wang Y, Kang H, Gao Y. Physical activity during pregnancy and the risk of gestational diabetes mellitus: a systematic review and dose–response meta-analysis. BMC Public Health. 23 févr 2024;24:594.
- Zhang W, Zhao R, Zhang L, Xie F, Xu P, Guo P, et al. Theory-based interventions aimed at promoting physical activity in pregnant women: A systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Int J Nurs Stud. juin 2024;154:104761.
Article mis à jour le 30/01/2025 par le Dr Pauline SIX et le Dr Léa BUHL, Responsables de la thématique Sport et Femmes au sein de l’IRBMS