La leptospirose est une maladie grave, parfois mortelle que l’on peut rencontrer en France et dans le monde.
Elle est due à une bactérie, la leptospire, dont il existe un certain nombre de variétés. On la contracte en général lors d’une activité en eau douce, qui a été contaminée par des animaux porteurs de la bactérie.
La couleur de l’eau de certains bassins extérieurs laisse parfois planer des doutes sur la propreté de l’eau même si elle n’est pas forcément un indice de qualité bactériologique. La couleur est certes un indice mais méfiez-vous également d’une eau claire et bleue.
Le climat chaud favorise la prolifération bactérienne, ceci d’autant plus que la sécheresse associée, accentue la concentration des bassins fermés, et empêche un renouvellement des eaux par le flux naturel. Le risque est également accentué dans les bassins fermés (lac étang), beaucoup plus accidentel au niveau des plages.
La leptospirose, comment la diagnostiquer ?
Après un contact avec la bactérie, il apparaît au bout de une à deux semaines, un syndrome grippal brutal et important.
Les signes cliniques sont :
- Fièvre élevée supérieure à 39°.
- Douleurs musculaires diffuses.
- Douleurs articulaires.
- Forts maux de ventre.
- Prostration, douleurs dans l’ensemble du corps.
Devant des signes aussi alarmants, il ne faut pas méconnaître la maladie, la leptospirose, car sans traitement, l’évolution pourrait être mortelle. Il faut consulter un médecin et lui signaler votre statut de sportif ayant pratiqué un sport en eau de baignade ou en eau douce.
Les complications
La forme la plus grave, et heureusement exceptionnelle, évolue vers une insuffisance rénale et hépatique, des hémorragies multiples, des troubles neurologiques. La convalescence est souvent longue, et le pronostic vital parfois mis en jeu (environ 5% des cas).
Les formes « bénignes » sont celles que l’on rencontre habituellement. L’incubation est silencieuse, pendant 1 à 2 semaines. Tout commence par une 1ére phase « d’invasion », marquée en général par une fatigue, un syndrome grippal avec fièvre et frissons, douleurs musculaires et articulaires, et … souvent rien d’autre. Bref, rien de bien caractéristique.
Ceci d’autant plus, que vu les circonstances, le sportif a toutes les raisons d’être « fatigué » à l’issue d’une compétition ou le baigneur « légèrement grippé ». Ceci l’amènera à ne pas consulter de façon systématique devant l’apparition de ces signes cliniques, attribués à une difficulté de récupération de l’effort sportif, plutôt qu’à une réelle infection.
Les symptômes disparaissent rapidement pour réapparaître après quelques jours, accompagnés de douleurs abdominales, et éventuellement de signes neurologiques, oculaires (rougeur) ou rénaux. C’est au cours de cette 2éme phase que sont fabriquées les défenses immunitaires de l’organisme (anticorps spécifiques).
La biologie permettra d’affirmer le diagnostic (sérologie et mise en culture dès le 5ème jour). Le traitement consiste à prescrire un antibiotique, qui est d’autant plus efficace qu’il est administré précocement.
Aide au diagnostic
Important : y penser en cas de séjour dans l’eau et pratique d’un sport nautique.
Un bilan sanguin pour l’aide au diagnostic : les signes biologiques non spécifiques sont une hyperleucocytose à polynucléaires, une thrombopénie, une anémie hémolytique, un syndrome inflammatoire biologique, une cytolyse hépatique.
Puis, les techniques sérologiques : La sérologie est l’examen le plus utilisé pour poser le diagnostic de leptospirose. Les anticorps sont détectables après la première semaine de la maladie. Toutefois c’est dans cette phase critique, caractérisée par une absence de symptômes spécifiques que le diagnostic différentiel avec d’autres pathologies infectieuses, particulièrement en zone tropicale, est essentiel pour l’instauration rapide d’une antibiothérapie. L’interprétation de la sérologie est difficile, car le premier prélèvement est négatif une fois sur deux et le test peut rester négatif en cas de traitement précoce par antibiotique. Une sérologie négative n’exclut donc pas le diagnostic et doit être impérativement répétée 15 jours à 3 semaines plus tard.
Source : HAS, Diagnostic biologique de la leptospirose.
Mode de contamination
Le réservoir naturel de germes est représenté par les rongeurs, les animaux domestiques, qui éliminent des quantités importantes de bactéries dans leurs urines, et contaminent ainsi les bassins. Ces bactéries survivent longtemps hors des organismes animaux dans les sols, les eaux, les boues.
La contamination à l’homme se fait soit pas contact direct, soit par les urines des animaux infectés. A partir d’une « porte d’entrée » située au niveau de la peau ou des muqueuses, par inhalation d’eau contaminée par exemple, les bactéries se disséminent dans l’organisme par voie sanguine.
Les sports concernés
Il s’agit de tous les sports en eau douce, stagnante ou vive :
- Baignade
- Pêche
- Canoë kayak
- Nage avec palmes
- Canyoning
- Rafting
- Triathlon
- … tout sport nature ou raid individuel collectif
Les mesures de prévention
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Il s’agit essentiellement de se protéger contre une contamination faite par l’eau. Il n’est pas facile d’éviter une contamination. Le port de lunettes anti-projection est l’une de ces protections.
L’analyse bactériologique de l’eau est imposée par le cahier des charges dans le cadre de l’organisation de certaines compétitions, ainsi que pour les bassins ouverts au public. Elle est orientée vers la recherche des germes fécaux les plus fréquents, et vérifiera l’absence d’infectiosité majeure du bassin.
L’une des préventions efficaces consiste d’une part, à éviter « les portes d’entrée » des germes, à commencer par soigner et désinfecter les plaies, même bénignes qui constituent une source de contamination. Bien sûr, ceci n’empêche pas la contamination par les muqueuses lors d’une ingestion d’eau.
D’autre part, il est important de se garantir d’une bonne immunité, pour favoriser une défense immunitaire rapide et spécifique de l’organisme face aux bactéries. Un facteur essentiel est d’éviter les phases de surentraînement, de fatigue, ou d’infection bénigne passagère (rhume, angine) qui affaiblissent l’organisme et fragilisent l’immunité. Sur le plan nutritionnel, éviter une carence protéinée, et favoriser la consommation pluriquotidienne de fruits et légumes frais. Par leur apport vitaminique et minéral, ces derniers participent activement à la synthèse des défenses anti-infectieuses de l’organisme.
Enfin, certaines études proposent une antibiothérapie « de principe » devant la survenue d’une fièvre d’allure grippale dans les 2 semaines qui suivent une exposition à des eaux potentiellement souillées avant même d’identifier la bactérie responsable.
La vaccination n’est pas efficace sauf cas particulier en cas d’exposition permanente essentiellement destinée aux professionnels ou aux sportifs professionnels exerçant régulièrement un sport en eau potentiellement polluée.
Conduites à tenir en cas de plaie
Si après une pratique sportive en eau, vous remarquez une plaie, il faut la laver abondamment à l’eau potable et au savon, désinfecter avec une solution antiseptique et protéger la plaie avec un pansement. Prévenir son médecin est raisonnable.
Attention : ne jamais nettoyer la plaie avec l’eau prélevée dans le bassin où le sport a été pratiqué.
Cas particuliers : il est important de savoir que le contact avec l’urine des animaux contaminés peut également donner une transmission de la leptospirose. Il est donc conseillé, devant l’apparition d’un syndrome grippal après la pratique d’un sport ou d’une activité physique en pleine nature de le signaler au médecin.
Les risques
Une étude américaine a permis de préciser l’ampleur du problème en triathlon, sur un échantillon de 876 triathlètes. 12% ont déclaré avoir été malades sans que la relation de cause à effet ne soit clairement établie. Par contre, sur les 474 prélèvements sanguins réalisés, 11% sont revenus positifs à la leptospirose, apportant une preuve irréfutable d’une contamination. Ce qui démontre que 11% des triathlètes ont contracté la maladie, sans pour autant avoir eu des symptômes majeurs.
Cette étude apporte la preuve que le risque infectieux consécutif à l’épreuve natation dans des bassins extérieurs existe bien, et justifie des mesures de prévention.
Conclusion
Les sports nautiques sont donc exposés à une contamination par un certain nombre de bactéries dont la leptospire. Il faut savoir également que tout raid nature avec pique-nique, camping ou installation à la belle étoile, peut également provoquer une leptospirose par contamination indirecte de l’urine des animaux infectés.
Ne jamais ramasser, toucher ou caresser un animal sauvage qui peut être contaminé par la leptospirose ou d’autres maladies. Connaître, c’est prévenir, mais c’est également traiter précocement.