Chaque personne possède dans son appareil digestif de très nombreuses bactéries qui forment ensemble un vrai écosystème appelé flore intestinale ou maintenant plus communément microbiote.
Il a été démontré que de nombreuses pathologies actuelles ont un lien avec le microbiote. Tel est le cas pour la maladie de Crohn et autres maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) mais aussi du diabète et de l’obésité.
Cette diminution de la diversité bactérienne, qui est une réalité dès la naissance, est associée avec une transformation du contenu du microbiote avec une diminution des bactéries positives ou bénéfiques et une augmentation des bactéries négatives. Ce qui a pour effet de favoriser l’inflammation et la production de substances toxiques (endotoxines bactériennes) capables de traverser l’intestin et de se retrouver dans la circulation sanguine. Le livre de Philippe Marteau et Joël Doré, Le Microbiote intestinal : un organe à part entière vous apportera une base solide pour appréhender la notion de symbiose microbiote-hôte, son implication dans le maintien de l’état de santé et les répercussions que cette perspective ouvre dans la prise en charge des patients.
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Qu’est-ce qu’un microbiote normal ?
La biodiversité du microbiote fécal est considérable avec plus d’un millier d’espèces de bactéries présentes pour former une biomasse relativement stable et qui peut être modifiée par des événements dont pourquoi pas la pratique sportive.
Il faut savoir qu’un déséquilibre peut favoriser la survenue de nombreuses maladies.
Le microbiote humain dépend de facteurs environnementaux et culturels (alimentation, mode de vie, etc.) mais l’impact d’une modification sur la santé et les performances est réel.
Comment le sport ou l’activité physique peut modifier le microbiote ?
Pour le savoir, Peterson* et son équipe ont mené une étude auprès de 33 cyclistes (22 professionnels et 11 amateurs), s’entraînant entre 20 et 30 heures par semaine minimum. Les sportifs ont été séparés en 3 groupes en fonction de la composition bactérienne de leur microbiote intestinal :
- Le premier groupe se caractérisait par la prédominance du genre Prevotella et une faible proportion de Bacteroides ;
- Le deuxième par l’abondance relative des Bacteroides et l’absence de Prevotella ;
- Le troisième groupe par un équilibre entre 5 genres bactériens.
La proportion de Prevotella était directement liée au volume d’entraînement, devenant réellement importante au-delà de 11 heures de vélo par semaine. Habituellement peu présent chez les Européens et les Américains, ce genre bactérien s’avère particulièrement intéressant pour les sportifs, car il participe à la synthèse de composés qui diminuent la fatigue et réduisent les lésions musculaires liées à une activité intense.
Les cyclistes professionnels se distinguaient par l’abondance d’une autre bactérie, Methanobrevibacter smithii, dont la présence au sein du microbiote rend ce dernier plus efficace en termes de métabolisme énergétique. Théoriquement, elle pourrait réduire le temps de récupération et donc, améliorer les performances, avancent les chercheurs.
Leurs travaux soulèvent d’autres questions brûlantes sur la façon dont ces micro-organismes, Prevotella et M. smithii, vont réagir à l’entrainement et influencer les performances sportives. Est-ce qu’un cycliste amateur et plus généralement un sportif aura plus de chance de devenir un champion s’il est colonisé par M. smithii, ou est-ce que c’est un parcours de vie semé d’entrainements intensifs qui va créer un environnement favorable à la présence de cette bactérie ?
Étude de : *Petersen et al. Community characteristics of the gut microbiomes of competitive cyclists. Microbiome (2017).
Conclusion
L’activité physique et/ou le sport pratiqués de façon pérenne et avec une légère pénibilité permettent le maintien de la qualité du microbiote et peut aussi favoriser le développement des bonnes bactéries. Surtout si une alimentation équilibrée accompagne la pratique sportive.