Mieux connaître le Dopage
La première définition légale du dopage en France date de 1965, en ces termes : « Quiconque aura en vue ou au cours d’une compétition sportive, utilisé sciemment l’une des substances déterminées par le règlement d’administration publique, qui sont destinées à accroître artificiellement et passagèrement ses possibilités physiques et sont susceptibles de nuire à sa santé ».
Loi du 28 juin 1989 :
Cette loi, mise en valeur suite à l’échec relatif de la lutte contre le dopage, mettait en place un certain nombre de structures et d’outils pour augmenter le caractère répressif de la lutte contre le dopage tout en apportant une possibilité d’outils préventifs.
La définition de 1989 du dopage est donc :
Il est interdit à toute personne d’utiliser, au cours de compétitions et manifestations sportives organisées ou agréées par des fédérations sportives ou en vue d’y participer, les substances ou procédés qui, de nature à modifier artificiellement les capacités ou à masquer l’emploi de substances et procédés ayant cette propriété, sont déterminées par arrêté conjoint des ministres chargés du sport et de la santé.
C’est après de longues expériences parcourues de succès ou d’échecs qu’a été mise en place une commission nationale de lutte contre le dopage, initialement présidée par le professeur Escande, puis après sa démission, par le professeur Gallien. Deux médecins du Nord-Pas-de-Calais ont participé à cette commission nationale : dans un premier temps le Dr Jean-Pierre Cachera, médecin inspecteur régional de la jeunesse des sports de Lille siégeait comme suppléant à cette commission, puis dans un second temps le Docteur Patrick Bacquaert a siégé comme membre titulaire auprès de cette commission.
L’histoire du dopage pendant cette décennie ne fut pas un long fleuve tranquille et son épilogue a vu le jour lors de « l’affaire Festina » en juillet 1998, pendant le Tour de France. A la suite de ce remue-ménage sportivo-médiato-politique, une loi a été promulguée le 23 mars 1999, donnant une nouvelle définition du dopage, qui fut :
Le dopage est l’utilisation en cours de compétitions et manifestations sportives ou en vue d’y participer, de substances ou procédés de nature à modifier artificiellement la performance et inscrits sur une liste déterminée par arrêté. A la suite de cette loi, a été créé le C.P.L.D., organisme chargé par le Ministère des sports de la mise en place d’une politique de lutte contre le dopage ambitieuse.
Malgré tous les efforts de tous les acteurs, réunis au sein des différentes structures créées et mises en place dont les antennes régionales de lutte contre le dopage, il semble que le résultat ne fut pas à la hauteur des espérances. Il est vrai que de nombreux professionnels ont découvert le dopage à cette époque !!! La question récurrente qui se pose est celle de savoir si les chimistes et autres tricheurs du sport n’ont pas toujours un train d’avance sur le législateur. Pour remettre de l’ordre et renforcer la lutte contre le dopage, une nouvelle loi votée au Parlement, celle du 5 avril 2006. La loi 2006/405 du 5 avril 2006 codifiés dans le livre 2 (titre 3) du Code du Sport, donne la définition suivante en son article L232-9 du dopage :
Utilisation de substances ou de procédés de nature à modifier artificiellement les capacités d’un sportif ou à masquer l’emploi de substances ou procédés ayant cette propriété. Cette définition renvoie comme les autres définitions à une liste de substances très détaillée qui est régulièrement publié au Journal Officiel de la République Française. Toutefois, pour que cette lutte soit renforcée, indépendante et efficace, l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (A.F.L.D.) a été créée.
Entre-temps, les autorités mondiales du sport, sensibles à ce fléau, avec des objectifs quelquefois convergents voir de temps à autres divergents avec ceux de la France, ont créé l’Agence Mondiale Antidopage (A.M.A.). La réalisation à Paris d’une conférence multidisciplinaire des différents acteurs de la lutte contre le dopage a semble-t-il entériné pour les cyclistes la création d’un passeport biologique qui aura comme vertu première la traçabilité des éléments biologiques. En effet, en dehors de toute traçabilité, il n’y a pas de salut dans la lutte contre le dopage puisque des anomalies ponctuelles peuvent être masquées, voire incompréhensibles tant le corps humain peut naturellement être biologiquement inconstant.
C’est l’usage de produits ou substances interdites qui peut au long cours provoquer des modifications biologiques dont la traçabilité sera retrouvée sur le passeport créé à cet effet. Mais la vérité est autre. (Lire la Lettre du Docteur Armand MEGRET). Si l’on peut regretter une nouvelle fois le cyclisme est montré du doigt, faisant craindre que ce sont les seuls sportifs à utiliser ou à abuser de produits interdits, l’on peut se féliciter que la traçabilité a été acceptée comme système de prévention et de répression. Il faut reconnaître que depuis plus de 10 ans, le professeur Gerard Dine milite pour mettre en place ce protocole.
Alors, avancée exceptionnelle ou coup d’épée dans l’eau médiatique ?
Il ne faut pas oublier que le dopage est l’affaire de tous, et de tous les sports. Nous pouvons donc légitimement espérer que l’expérience faite dans le cyclisme pourra être déclinée dans d’autres sports, ouverte un certain nombre de sportifs de haut niveau préparant des objectifs suffisamment importants comme les jeux olympiques ou les championnats du monde pour bénéficier d’un tel passeport. Encore faut-il que le résultat soit à la hauteur des coûts entraînés par la mise en place de ce dispositif. Avons-nous oublié les médecins d’équipe ? Pensons-nous encore aux moyens à remettre dans les circuits de suivi médico-sportif ?
Remettre le médecin au centre du dispositif de la lutte contre le dopage est une initiative que l’ensemble des médecins du sport ne peut qu’approuver car il ne faut pas oublier que la meilleure des alternatives au dopage est la mise en place d’un très large suivi médico-sportif obligatoire et pluridisciplinaire, prenant en compte les particularités de chaque sport ou de chaque pratique.
La lutte contre le dopage passe par des actions de prévention, l’explication des dangers du dopage fait partie de cette initiative pédagogique.
Le dopage est l’affaire de toute la médecine du sport et des médecins, car on a l’impression actuellement qu’il ne concerne qu’une petite partie de scientifiques intéressés.
Il ne faut pas oublier par ailleurs la promotion des bonnes conditions d’entraînement, la réalisation de bonnes pratiques sportives, associant diététique, récupération, soutien psychologique, étirements, échauffement, etc..
Le sport de haut niveau, par ses contraintes physiologiques, médiatiques, financières et politique qu’il apporte, est de toutes les façons un sport à haut risque.
Du doping au dopage
Le terme anglo-saxon de « doping » peut se rapprocher plus facilement de « Dope ». En 1963, la définition était la suivante : Le doping est considéré comme l’utilisation de substances ou de tous moyens destinés à augmenter artificiellement le rendement, en vue ou à l’occasion de la compétition, et qui peut porter préjudice à l’éthique sportive et à l’intégrité physique de l’athlète.
Puis une nouvelle définition fut adoptée quelques mois plus tard à Strasbourg : le doping est l’administration à un sujet sain, ou l’utilisation par lui-même, ou par quelque moyen que ce soit, d’une substance étrangère à l’organisme, de substances physiologiques en quantité ou par voies anormales, et ce, dans le seul but d’augmenter artificiellement et de façon déloyale la performance du sujet à l’occasion de sa participation à une compétition. Certains procédés physiologiques créés afin d’augmenter la performance du sujet peuvent être considérés comme du doping.
Enfin, dans l’un de ses ouvrages, Jean-Paul Rapp apporte sa propre définition comme suit : le doping est l’utilisation de tout procédé destiné à augmenter le rendement d’un individu et susceptible de nuire à sa santé. Et pour les sportifs, bien sûr, tout procédé contraire à l’éthique du sport. Ainsi, le doping sportif est l’utilisation de tout procédé déloyal destiné à augmenter le rendement des athlètes et susceptible de nuire à leur santé.
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