Mort subite chez le sportif
La mort subite est naturelle, inattendue, au cours ou après une pratique sportive.
Il n’y a par définition aucune affection préalable détectée. Chez les sportifs de haut niveau, la réglementation a été respectée avec réalisation d’une échographie cardiaque et d’une épreuve d’effort maximale.
Présentation
Un état d’amélioration de la prévention et du suivi cardio-vasculaire : 10% des décès en France sont représentés par des morts subites. Il s’agit d’ailleurs de la première cause de décès avant 50 ans, beaucoup plus fréquente que les accidents cardiaques par infarctus du myocarde. 40 000 à 60 000 décès par an en France sont dus à l’arrêt cardiaque, avec un taux de survie ne dépassant pas 3%.
Quel est le rôle de la pratique sportive dans cette grande statistique du nombre de décès ? Combien de sportifs vont décéder ou décèdent chaque année lors de la pratique d’un sport ?
Au-delà même de l’aspect spectaculaire d’un décès chez un adulte jeune pratiquant un sport, combien pourraient être évités, quand l’on sait qu’il n’y a pratiquement pas en France de défibrillateur externe semi-automatique (D.E.A.), et que d’autre part, la formation aux premiers secours est encore très déficitaire dans notre pays. C’est pour cela que parlementaires, ministères et institutions mettent en place des plans financiers d’équipement (depuis 2006).
Qu’est-ce que la mort subite ?
Il s’agit de mort brutale, instantanée, avec affaissement en plein effort par fibrillation ventriculaire. Les facteurs déclenchant peuvent être mixtes, en rapport avec des conditions de pratique exceptionnelle : stress, froid, chaleur, fatigue, troubles diététiques, déshydratation, maladie virale, etc.
Pour en savoir plus sur les conséquences médicales, statistiques et économiques, nous vous proposons le travail de thèse pour le diplôme d’État de Docteur en Médecine, présentée et soutenue publiquement à Lille le 1er mars 2016 par Loïc Dupire.
La lecture du dossier thématique complet peut aussi apporter un éclairage sur la prévention de la mort subite en milieu sportif
Les deux questions clés qu’il faut se poser :
- La personne est-elle consciente ?
- Respire-t-elle normalement ?
Dans ce cas, il faut mettre en place prioritairement un massage cardiaque adapté.
Les techniques du massage cardiaque
La connaissance de ces gestes souvent enseignés par différents organismes type Croix-Rouge, Protection Civile, Pompiers, nécessite une initiation d’une à deux heures seulement afin de permettre de réaliser le geste qui sauve.
Ne jamais oublier que si nous sommes deux ou plusieurs, appeler les secours reste un geste urgent. Sur le G.S.M., le secours international est le 112 ou le 15 ou le 18 sur un téléphone fixe.
Toujours préciser à l’interlocuteur de l’autre côté du téléphone les conditions de la gravité et l’état du sportif.
Comment faire ?
Attention : le bouche-à-bouche est remis en question.
Il faut basculer la tête de la victime vers l’arrière, en maintenant son menton vers le haut avec une main, et ouvrir la bouche avec le pouce et de l’autre main, on appuie sur le front. A ce moment là on place sa bouche sur celle de la victime, tout en lui pinçant le nez, et il faut souffler progressivement jusqu’à ce que sa poitrine se soulève et se remplisse. Reprendre sa respiration pendant que la poitrine s’affaisse en évacuant l’air et recommencer.
Si après plusieurs souffles ou insufflations, le sportif ne respire toujours pas, il faut l’allonger impérativement sur un sol ou un plan dur et commencer le massage cardiaque immédiatement.
Il faut à ce moment là se mettre à genou au niveau de son thorax. On place une main sur la moitié inférieure du sternum, et on recouvre celle-ci avec l’autre main, les doigts légèrement décollés de la poitrine. Il faut faire des compressions efficaces en appuyant bras tendus sur le thorax pour qu’il y ait une compression et une différence de mobilisation du thorax de 4 à 5 cm.
La fréquence de compression/décompression doit être de 100/minutes. Le risque évident à ce niveau est la fracture de côte. Il faut masser sans discontinuer pendant l’appel des secours et la mise en place du défibrillateur.
Pour en savoir plus : Tout savoir sur le massage cardiaque et l’utilisation du défibrillateur
Utilisation de défibrillateur automatique externe
Il existe des appareils totalement automatiques dont le fonctionnement simplifié permet de réduire la mortalité de cet accident cardiaque. Une formation simple accessible au monde sportif permet l’utilisation de ce type d’appareil dans l’attente de l’arrivée des secours. Des arrêtés permettent une large utilisation des défibrillateurs dans des lieux publics ou privés.
Évaluation du nombre de morts subites
La mort subite de l’adulte reste un fléau majeur. Son incidence est estimée à 1/1000 habitants par an ce qui représente environ 60 000 par an en France, mais les données épidémiologiques restent très imprécises. Il existe un pic de fréquence entre 45 et 75 ans. Elle survient 3 à 4 fois plus souvent chez l’homme que chez la femme.
La maladie coronaire et les cardiomyopathies sont les causes les plus fréquentes dans la population âgée de plus de 35 ans. Le mécanisme de la mort subite est un trouble du rythme ventriculaire (fibrillation ventriculaire ou tachycardie ventriculaire) dans plus de 80%. Ainsi la chaine de survie avec l’utilisation du défibrillateur est l’enjeu de prise en charge afin d’améliorer le taux de survie qui reste inférieur à 5% en France.
Chez les jeunes sportifs
L’incidence étant variable avant 35 ans chez le sportif, où le nombre de mort subite est plus fréquent chez les hommes que chez les femmes, l’estimation est toutefois difficile, les chiffres pouvant s’élever à plus de 1 000 morts par an, en activité sportive ou activité physique de loisir. Dans de très nombreux cas (+ de 50%) les causes ne sont pas retrouvées.
FOCUS
Comment aborder une prévention efficace en mettant en avant les causes de morts subites ?
- L’autopsie permettra de retrouver la cause en analysant le potentiel de maladies cardiaques congénitales.
- Les tests génétiques post mortem afin de retrouver le gène incriminant à partir de l’ADN du sportif décédé
- La prise en charge fait appel à la classique “chaîne de survie” avec 3 gestes qui sauvent : Appeler, Masser, Défibriller.
- Prévention : Dépistage des morts subites : analyse médico économique.
- Travail contributif : Mort Subite et défibrillation en accès public dans les communes du Nord (2014) – Pdf.
- Pour en savoir plus : www.coeur-recherche.fr
L’apport de l’expert by IRBMS dans la conduite préventive à suivre : Une prévention efficace est-elle possible ?
Il faut savoir que le certificat annuel de non contre indication à la pratique des sports est supprimé pour laisser la place à un certificat suivi d’un auto questionnaire.
Le bilan cardio vasculaire réalisé chez son médecin est-il suffisant pour dépister et éviter la mort subite : non, mais le médecin peut orienter son sportif vers un cardiologue s’il suspecte des facteurs de vulnérabilité comme par exemple un essoufflement anormal, une HTA ou encore un trouble du rythme cardiaque lors de l’auscultation. Se pose aussi l’indication de l’ECG de repos, très courant il y a de nombreuses années et maintenant moins réalisé. Par ailleurs la HAS (Haute autorité de santé) a établi des recommandations très bien documentées réservant les bilans les plus sophistiqués aux sportifs pratiquant à une forte intensité. Il est donc nécessaire dans tous les cas de respecter les règles d’or des bonnes pratiques ( voir aussi les conseils du club des cardiologues du sport).
Même si la mort subite du sportif est un accident dramatique touchant des jeunes en pleine forme apparente, est-il possible de prévenir efficacement d’un arrêt cardiaque survenant en France moins de 1 500 fois/an ?
Si le médecin peut suspecter des facteurs de vulnérabilité nous ne disposons pas d’examen permettant de prédire la survenue d’une mort subite ; alors soyons surtout préventif par l’éducation aux bonnes pratiques et à la mise en place de la chaîne de survie lors de l’accident cardiaque afin de sauver des vies et l’appel des secours tout en continuant le massage cardiaque externe.
Il faut retenir
- Dépistage des facteurs de risque cardiaque dont la maladie coronaire
- Bilan adapté si des efforts sont au moins intenses
- Attention aux reprises sportives après maladies virales
- Pratique sécurisée
- Mise en place rapide de la chaîne de survie et appel des secours
Mise en place le plus rapidement possible du massage cardiaque et de l’utilisation du défibrillateur.
La preuve de l’utilité de la réactivité face à un tel accident lors de la rencontre du Danemark à l’euro 2021 de football.
Signes précurseurs
Par définition, il n’y a aucun signe précurseur, mais par contre on retrouve des antécédents familiaux de mort subite, ce qui implique toute alerte lors de l’interrogatoire d’un sportif.
Il semble raisonnable, que lorsque dans la famille, on retrouve des antécédents de ce type, de demander un avis cardiologique adapté et approfondi.
Par ailleurs, des conseils de pratique sont à ce moment là prodigués.
Certaines morts subites peuvent être rattachées à des cardiomyopathies, mais l’absence de biopsie rend difficile les études statistiques.
Si les cardiomyopathies sont responsables de ces morts subites chez les sujets jeunes, pour les personnes plus âgées, on peut penser qu’il s’agit d’athérome coronaire.
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Rôle de l’examen E.C.G. dans le dépistage ou la prévention des morts subites
La réalisation d’un ECG chez les personnes présentant un risque établi ou une suspicion de vulnérabilité cardiaque peut être contributif . En effet, un E.C.G. anormal conditionne la mise en place d’un bilan approfondi. Il faudra retenir particulièrement et dépister avec beaucoup d’attention les Wolff Parkison White (W.P.W.). Les tachycardies ventriculaires, avec arythmie, sont à surveiller. Les tachycardies de désadaptation à l’effort peuvent également produire une fibrillation mortelle.
Le rôle du dépistage des conditions de surentraînement prend alors toute son importance surtout lors de la réalisation d’effort à intensité significativement élevée.
Conduites à tenir
Les facteurs de risque sont à surveiller attentivement.
Il s’agit :
- des antécédents familiaux
- des sports à risque particuliers
- de la prise de produits et substances illicites
- des quelques vagues antécédents pouvant alerter le médecin
- de morts subites « récupérées »
- des infections virales concomitantes
Recommandations pour la pratique sportive
- Il n’y a pas de consensus permettant d’indiquer systématiquement chez un sportif la réalisation d’un ECG pour permettre la délivrance d’un certificat de non contre-indication à la pratique du sport.
- Il n’y a pas de consensus pour indiquer la réalisation d’une épreuve d’effort avant la délivrance de ce certificat en fonction d’un certain âge.
- Il existe une législation française concernant le suivi des sportifs de haut niveau Espoir et France, qu’il est nécessaire de respecter.
- Il existe une législation française rendant obligatoire la présence d’un certificat annuel de non contre-indication à la pratique du sport pour obtenir une licence, remplacé en 2016 par le CACI.
- Il existe des indicateurs de risque tels que l’obésité, l’IMC, le périmètre abdominal, les fréquences cardiaques de repos ou d’effort, les variations de tension artérielle, qui peuvent être des facteurs permettant une mise en place d’une alerte.
Conclusion
La meilleure des préventions de mort subite chez le sportif passe par l’apprentissage des gestes qui sauvent. Par ailleurs, une bonne connaissance des facteurs de risque et des antécédents familiaux permettrait de réduire la moitié des morts subites qui surviennent chez les sportifs ayant une cardiopathie méconnue.
Les morts subites chez les sportifs ne doivent être en aucun cas un alibi pour interdire la pratique du sport ou d’activités physiques et sportives chez l’ensemble de la population française. Toutefois, cette pratique doit être adaptée aux circonstances et réalisée avec les conditions d’usage habituelles pour un sport passion, sport santé.
Des défibrillateurs externes automatiques (DEA) devraient être installés dans les lieux publics ou les lieux de pratique sportive. Les conditions permettant l’accès à ces défibrillateurs, et la formation du milieu sportif constituent le succès de l’opération.
Les bénéfices d’une pratique bien adaptée sont supérieurs aux risques en diminuant les conséquences de la sédentarité dont les « crises cardiaques » 50 fois plus fréquentes que les morts subites !
Pour en savoir plus, consultez notre diaporama dédié à la chaîne de survie
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