La rupture du ligament croisé antérieur (LCA) est une lésion fréquente lors de la pratique sportive.
Les sports avec pivots comme le ski, le football, le judo, le handball, le basket ball, ou encore le rugby sont souvent en première ligne.
La torsion en rotation du genou, en pleine course ou plus rarement lors d’un shoot dans le vide en hyper extension, peut provoquer une rupture du LCA.
Les ruptures sont plus fréquentes chez les jeunes sportifs.
L’augmentation constante du nombre d’opérations pour rupture du ligament croisé en France avec plus de 50 000 cas par an chez des sujets sportifs jeunes de 18 à 35 ans avec une vulnérabilité plus grande chez les femmes.
On constate des ruptures de plus en plus fréquentes chez les jeunes sportifs en raison de l’intensité de la pratique du sport en pivot et le manque de prévention.
Rappel anatomique
Le genou est composé de 4 ligaments principaux :
- Le ligament collatéral interne (LLI) qui empêche le genou de partir à l’intérieur,
- Le ligament collatéral externe (LLE) qui empêche le genou de partir à l’extérieur,
- Le ligament croisé antérieur (LCA) qui empêche le tibia de partir devant,
- Le ligament croisé postérieur (LCP) qui empêche le tibia de partir en arrière.
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Gravité de lésions du LCA
Du grade bénin à la rupture grave :
- Simple élongation sans rupture avec un potentiel de cicatrisation spontanée.
- Rupture partielle du tendon entrainant une instabilité mais pas automatiquement cliniquement constatée.
- Rupture partielle de plusieurs faisceaux du tendon entrainant une instabilité avec un constat clinique évident (signe du tiroir antérieur).
- Rupture complète du LCA avec signes fonctionnelles importants et des tests cliniques évidents comme le tiroir antérieur et le jerk test osseuses, méniscales, ligamentaires et de quantifier l’épanchement.
Dans tous les cas l’IRM permet d’analyser l’importance des lésions.
Les prédispositions
1 – Chez l’adolescent
- Raisons musculo-proprioceptives par déficit du volume d’entrainement non spécifique et du travail de verrouillage neuromusculaire.
- Raisons naturelles en lien avec l’âge par une excitation naturelle de performer sans échauffement préalable.
- Raisons techniques en raison d’une acquisition incertaine des bons gestes techniques et de l’insouciance d’être en position de vulnérabilité articulaire.
2 – Chez la femme post pubertaire
- Raisons anatomiques et du statut morphologique car la taille souvent plus petite des femmes entrainant un passage inter-condylien plus étroit. Une anomalie d’axe des membres inférieurs associée aux hyperlaxités naturelles sont des éléments favorisants.
- Raisons hormonales par les actions combinées des estrogènes, de la testostérone, de la progestérone et de la relaxine qui sembleraient être à l’origine de ces modifications (gradation de preuves en cours) car il semble que les accidents d’entorses du LCA peuvent etre plus fréquent en phase préovulatoire.
- Raisons neuromusculaires et proprioceptives par un feedback antivalgus moins performant chez les femmes en association de ratios ischios/quadriceps moins performants.
Le conseil des experts
Les règles d’or de bonnes pratiques qui sont proposées par le groupe d’experts de l’IRBMS Hauts-de-France.
Les 5 recommandations
- Echauffement de 15 minutes minimum (type FIFA 11+, ESVP de la FFF)
- Travail de gainage du tronc, renforcement des ischio-jambiers et des stabilisateurs de hanche sur une jambe à la fois, contrôle de ses accélérations, travail de squats et exercices de saut-réception…
- Tout au long de la saison poursuivre la reprogrammation neuromusculaire lors de l’entrainement physique généralisé (EPG).
- En groupe ou individuellement sur le terrain travailler les accélérations dans l’axe puis en pivot.
- Avoir des chaussures de sport adaptées au terrain et des semelles intérieures pouvant modifier une morphologie anatomiquement incorrecte du pied.
+ vérification des laxités et des désaxations des membres inférieurs ET profitez de votre échauffement pour vous préparer mentalement à l’effort.
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Rappel bibliographique simplifié
- Murphy et Zachary, 2014 : femmes 2 à 5 fois > hommes.
- Sanders, 2016 : incidence diminue avec l’âge chez les hommes, +/- constante chez les femmes. (pic de lésions : pour les femmes entre 14 et 18 ans, hommes entre 19 et 25 ans).
- Van Melick, 2016 : incidence athlètes > entre 15 et 40 ans. 3 % des sportifs amateurs contre presque 15% des sportifs plus performants (fonction des pratiques sportives).
- Malliopoulos, 2018 : Comment diminuer les blessures chez les jeunes sportifs ? JTS vol 35, 2018.
- Collectif suédois, 2012 : Protéger les LCA chez les joueuses, BMJ ; 344 ; e3042.
- FFF : le programme ESVP
- FIFA 11+ : le programme
- Abellaneda et coll : LCA comment améliorer la compliance des sportifs JTS tome 36 mars 2019 N°1
- Raoul et coll : fiches pratiques d’auto-rééducation des quadriceps JTS tome 37 décembre 2020 N°4
*Composition du groupe d’expert by IRBMS
Professeur Julien Girard, Professeur André Thévenon, Docteur Patrick Bacquaert, Docteur Raphaël Coursier, Docteur Romain Letartre, Docteur Xavier Malliopoulos, Docteur Bruno Milétic, Docteur Frédéric Maton.
Programme de prévention des blessures dans le football (FFF)