La consommation de spiruline relève d’une supplémentation. Ces propriétés ne reposent sur aucune justification scientifique chez l’homme.
Amélioration de performance : la spiruline est-elle dopante ?
Aucune étude randomisée chez l’homme ne démontre une amélioration de performance. Même sur des modèles animaux, des études randomisées chez des souris (KIM*) objectivées par des tests de nage forcée ne montrent aucune modification de l’adaptation à l’effort (créatine kinase CPK, glucose, albumine, protéine totale).
Étant donné l’absence d’amélioration de performance sous spiruline, celle-ci n’est pas dopante.
Par contre, le simple recours à la spiruline, comme tout autre complément alimentaire, dans un but de performance, constitue une conduite dopante.
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Propriété antioxydante
Les propriétés antioxydantes de la spiruline sont largement mises en avant, que ce soit à destination des sportifs ou orientées vers le bien-être et la prévention du vieillissement cellulaire. Cette référence quasi systématique à des propriétés antioxydantes est en incohérence avec le peu de référence dans la littérature pour en prouver la réalité.
Les études cliniques dirigées manquent d’objectivité
L’activité antioxydante de la spiruline a été rapportée et objectivée par test d’effort et dosage sanguin (des enzymes antioxydantes SOD et GPX), chez des étudiants supplémentés pendant 3 semaines, en comparaison à un groupe témoin ingérant des protéines de soja (LU*).
Les propriétés antioxydantes ne reposant pas/peu sur les protéines, il ne semble pas judicieux de les évaluer en confrontation avec les protéines de soja. Par ailleurs, la concentration de lactates était plus élevée dans le groupe spiruline, ce qui semble peu logique et démontre un intérêt limité chez les sportifs.
L’étude de LU HK., HSJEH CC.* est l’une des rares publications qui évoque une amélioration du potentiel antioxydant par une supplémentation en spiruline. Celle de KALAFATI & all* évoque également une amélioration des défenses antioxydantes chez des sportifs, mais l’échantillon restreint de 9 sportifs justifie d’autres travaux pour confirmation.
La qualité des algues
Les travaux d’AGREGAN* comparent le potentiel antioxydant de plusieurs algues et reconnaissent l’absence d’intérêt de la spiruline, en comparaison avec celui d’autres algues.
Si le potentiel antioxydant semble très variable en fonction de la nature des algues, on peut évoquer qu’il l’est également en fonction de la quantité administrée quotidiennement, de son traitement après récolte, de la qualité du produit. Aucune étude ne tient compte de ces critères et n’établit à ce jour la dose potentiellement efficace de spiruline.
Le potentiel antioxydant de la spiruline est parfois mis en évidence sur des alimentations non physiologiques (OULD AMARA*) ou dans le cadre d’une exposition toxique (SAYED*) ou dans des modèles animaux non humains. Ces études n’ont donc aucune application pratique. Ces évaluations dans des conditions spécifiques n’autorisent pas d’en généraliser les conclusions.
C’est par exemple le cas d’étude in vitro sur des cellules anormales (polypose colique) ou la spiruline semble diminuer les dommages cellulaires dues au stress oxydatif. Avant d’extrapoler ces observations du laboratoire à l’homme, cette observation nécessite une confirmation par étude clinique chez l’homme, en tenant compte de l’assimilation digestive de la spiruline. Ce qui est applicable sur cellules anormales ne l’est pas forcément sur cellules saines.
Des études difficilement transposables chez l’homme
L’amélioration du potentiel antioxydant (SD GPX) a été mis en évidence sur d’autres animaux, tels que crevettes (LIN*), poissons… Ces études peuvent difficilement être transposées chez l’homme, à fortiori dans un contexte de stress oxydatif spécifique que représente l’effort sportif. Aucune étude randomisée chez les sportifs ne permet d’accorder formellement une efficacité probante.
Les propriétés antioxydantes et hypolipémiantes de la spiruline (HERNANDEZ*) ont été étudiées avec des doses de 1 à 10g de spiruline par jour. L’absence d’étude correctement randomisées chez l’homme ne permet pas de valider ces propriétés. Celles-ci même si elles semblent s’exprimer sur certains modèles animaux expérimentaux, s’expriment à doses non identifiées.
ZEINALIAN* met en évidence une diminution de l’appétit, une modification du profil lipidique, de la composition corporelle et une baisse de l’IMC chez des patients obèses, versus placébo, à raison de 1g/jour de spiruline. L’étude ne précise pas si les modifications alimentaires engagées dans les deux groupes étaient un paramètre croisé inclus dans l’évaluation statistique. Les marqueurs étudiés sont plurifactoriels et peuvent reposer tant sur une amélioration du comportement alimentaire que sur la consommation de spiruline.
Fatigue immunité et prévention du surentraînement
L’étude de JUSZKIEWICZ &coll.* est intéressante vu sa spécificité avec la population sportive. Elle s’établit sur des rameurs de haut niveau en équipe nationale de Pologne et s’oriente sur la réponse immunitaire apportée par la spiruline (1,5g/j). Les auteurs évoquent la capacité de la spiruline à modifier le profil immunitaire, mais cette affirmation doit néanmoins être relativisée :
- D’une part, cette évaluation s’est basée sur le profil des lymphocytes en excluant tous les autres paramètres de la récupération.
- D’autre part, les auteurs extrapolent l’amélioration du profil en lymphocytes comme étant une prévention du surentraînement, mais le surentraînement étant plurifactoriel.
Le profil lymphocytaire ne suffit pas pour en conclure une efficacité en terme de prévention du surentrainement.
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Dans l’étude de JOHNSON*, la diminution de fatigue perçue après supplémentation de 3g/j de spiruline repose sur une enquête subjective et l’évaluation de la fatigue mentale relève d’une fonction mathématique. Même si cette étude est randomisée, la méthodologie par questionnaire n’apporte pas de preuve objective d’une efficacité de la spiruline pour combattre la fatigue.
Conclusion
La consommation de spiruline relève d’une supplémentation. Les propriétés évoqués ont souvent été évaluées sur des modèles animaux ou en laboratoire, ne permettant pas d’en extrapoler les résultats chez l’homme.
L’amélioration de performance sportive ou de la récupération en sont des exemples, avec une extrapolation abusive de modèles animaux. Ces propriétés ne reposent sur aucune justification scientifique chez l’homme.
Les allégations évoquées sur la spiruline, principalement en ce qui concerne la récupération sportive et les défenses antioxydantes, n’ont pas de preuve scientifique suffisante et relèvent généralement du marketing.
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*Bibliographie
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