Pour les JO de Paris en 2024, la France, pays de Coubertin, se doit de tenir son rôle dans la lutte contre le dopage…
L’auteur de cet article, le Dr Bacquaert, est ancien membre titulaire de la commission nationale de lutte contre le dopage et expert et responsable de la lutte contre le dopage pour la DRDJS de Lille (année 1970-1998).
Souvenez-vous…
L’histoire du dopage remonte à avant J.-C. car les athlètes grecs ingéraient déjà des viandes variées selon la discipline sportive qu’ils exerçaient :
- Les sauteurs mangeaient de la viande de chèvre.
- Les boxeurs et les lanceurs, de la viande de taureau.
- Les lutteurs quant à eux préféraient de la viande grasse de porc.
3 moments forts de l’histoire contemporaine du dopage
- Affaire Ben Johnson (1988)
- Affaire Festina (1998)
- Affaire Lance Armstrong (2010)
Et ajoutons le décès de Tom SIMPSON dans le Tour de France en 1967.
La grande révolution de 1999 (à la suite de l’affaire Festina), c’est la création de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) à titre d’organisation internationale indépendante. Elle est composée et financée à parts égales par le Mouvement sportif et les gouvernements. C’est aussi la création des agences nationales dont l’AFLD en France qui doit évoluer juridiquement (cf. LOI no 2021-194 du 23 février 2021).
La situation actuelle
Les Etats-Unis, la Russie, les pays Africains et d’autres pour des raisons différentes et des enjeux opposés veulent avoir la main sur la lutte contre le dopage ou éviter que l’AMA puisse intervenir dans leurs politiques internes antidopage.
L’AMA qui est financée par les états doit maintenir un rôle indépendant difficile et souvent peu ambitieux en raison des tensions aux seins de ses membres, des conflits de pouvoir, des exigences des fédérations internationales et des revendications du mouvement sportif (CIO).
Les gros contributeurs, comme les Etats-Unis avec 2,28 millions d’euros, sont aussi vigilants sur la nomination du Président de l’AMA et de son comité exécutif et beaucoup d’autre nations se font tirer l’oreille pour verser leurs contribution annuelle.
De plus il y a une lutte de suprématie entre l’agence Américaine (Usada) de lutte contre le dopage et l’agence Russe (Rusada) qui change souvent de directeur.
Des conflits sur le contenu des listes (produits interdits) sont apparus entre les fédérations ou organisations sportives internationales et l’AMA comme par exemple la fixation des seuils (concentration permise sans sanction) ou l’interdiction des injections intraveineuses avec des subtilités ahurissantes.
Certains pays nient ou dissimulent le dopage car les victoires et les médailles leurs apportent une caution politique. Enfin des conseillers ou des médecins mettent au point « des pare-feux » afin que leurs athlètes échappent aux contrôles ou aux contrôleurs !
Les avocats savent souvent argumenter et mettre en avant des vices de forme annulant les sanctions ou les diminuant fortement. Les frais de justice font reculer les autorités qui préfèrent « adapter » les sanctions car les appels coûtent très chers.
Un exemple simple de défense proposé par un conseil est de nier ou d’accuser un complément alimentaire ou même d’évoquer une simple erreur de toute bonne foi cela peut réduire considérablement le temps de suspension.
Les laboratoires clandestins sont souvent en avancent sur les Etats afin de déjouer les contrôles, de proposer des alternatives ou de remplacer tout bonnement les flacons d’urines.
Enfin la localisation (Whereabouts) peut être contournée par les tricheurs.
La question essentielle
Est-il encore possible de faire une carrière au plus haut niveau sans être dopé ?
Les optimistes répondront oui et ils ont raison car les sportifs amateurs pratiquant de nombreux sports non médiatisés n’ont pas les moyens financiers et politiques pour se doper, de plus ils croient aux vertus de l’entraînement. Les autres répondront soit « je ne sais pas » soit par un « non » catégorique en sachant que tous les sportifs ne sont pas égaux car l’argent est l’un des éléments de la lutte contre le dopage (cf. Lance Armstrong) mais aussi les nombreux athlètes des pays Africains (via des agences de marketing sportifs).
La politique Française en 2021
Les JO de Paris 2024 et d’autres compétitions internationales de très haut niveau sont programmés ces prochains mois. La France, pays de Coubertin, se doit de tenir son rôle dans la lutte contre le dopage afin de protéger la santé de ses sportifs et de mettre un frein à la tricherie.
La France, le Président de la République, le gouvernement et la Ministre chargée des sports propose donc :
- Prévention du dopage et des conduites dopantes dans les activités physiques et sportif 2019-2024 (Pdf)
- Plan National de prévention du dopage et des conduites dopantes 2015-2017 (Pdf)
Le site du ministère apporte aussi des éléments sur les contrôles, la lutte contre les trafics et la prévention… Nous aimerions connaitre les sommes allouées à ces trois objectifs et connaitre aussi les moyens de l’AFLD, du laboratoire Français d’analyse ainsi que le rôle des antennes régionales.
► Agir contre le dopage (sports.gouv.fr)
Conclusion
Le dopage peut mettre en danger la santé d’une personne en provoquant des effets immédiats comme par exemple des troubles cardiaques ou des effets retardés plusieurs années après comme des cancers… Il est donc dangereux pour tous.
- Le dopage est une tricherie et contraire à l’éthique sportive.
- Le dopage est sanctionné selon le contenu d’un code international relayé par les Etats comme la France.
- Tous les sportifs sont concernés.
Nous sommes tous concernés, spectateurs, téléspectateurs, parents ou amis qui admirent leurs champions car il est injuste de perdre quand le vainqueur s’est dopé !
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