Le Sport au féminin : un autre sport ?
Le
sport féminin connaît
une popularité moindre
que leur congénère
masculin dans la plupart des pratiques
sportives. Il est souvent perçu
comme moins spectaculaire, moins
rapide, moins technique, moins
athlétique… Bref,
il est perçu en terme de
manque par rapport à la
pratique masculine !
Et
pourtant, certains s’érigent
en faux contre ces représentations
qui viennent entacher le sport
au féminin.
«
Les femmes offrent surtout
un autre style au jeu ou
à la technique, en
un mot, elles les féminisent
».
Catherine LOUVEAU, Sport,
Action et Société
: la part des femmes.
«
Le jeu s’empreint
de psychologie féminine…
C’est un sport en
soi qui est seulement plus
lent mais aussi plus technique,
plus esthé- tique,
plus visuel que celui des
hommes ».
A propos du sport féminin,
La Croix, du 6/2/87
Ces
différences sont d’abord
liées
à des représentations
et stéréotypes
sur la différence entre les
sexes.
Schématiquement, ces stéréotypes
sur la différence des sexes
sont :
– Les filles sont plus sociales
que les garçons.
– Les filles ont une plus faible
estime de soi
que les garçons.
– Les filles ont un niveau d’aptitude
verbale
plus élevée que les
garçons.
– Les garçons sont plus
agressifs que les filles.
– Les garçons ont plus
d’aptitude visuo-spatiale
que les filles.
– Les garçons ont plus
d’aptitude aux mathématiques
que les filles.
– Les filles ont moins de motivation
que les garçons.
L’étude de Maccoby
et Jacklin en 1974 porte
sur plus de 2000 articles et montrent
une différence entre les sexes
dans seulement quatre domaines :
– L’aptitude aux mathématiques.
– L’aptitude visuo-spatiale.
– L’aptitude verbale.
– Et la disposition à
l’agressivité.
Il y a donc plus de recoupements
et de similitudes entre les sexes
que de différences et ces différences
sont essentiellement d’ordre
culturel.
Des
différences culturelles très
précoces :
– Dès l’acquisition
de la marche, les garçons sont
incités
à explorer leur environnement
et à faire des
activités physiques, alors
que les filles sont
essentiellement protégées
de l’environnement.
– Les consignes ou messages
fréquemment
transmis aux filles :
– Ne joue pas brutalement et
fais attention
à ne pas te faire mal;
– Ne salis pas tes vêtements,
– Ne t’éloigne
pas trop de la maison.
> La réussite
chez la fille est attribuée
à son travail
et son sérieux.
> La réussite chez le garçon
est attribuée
à ses aptitudes.
Les représentations
sociales de l’activité
sportive.
Une étude de Eccles
(1983) sur 3000 adolescents
et effectuée sur 3 ans, porte
sur le choix de l’activité
sportive en fonction du genre.
Chez
les filles :
– Dès les premières
années scolaires, les filles
évaluent leur aptitude athlétique
générale
de façon plus négative
que les garçons.
– Elles se croient moins aptes
à réussir en sport qu’à
l’école.
– Elles considèrent le
sport comme moins important que les
autres activités.
Chez
les garçons :
– Ils jugent que le sport est
d’une importance égale
voir supérieure aux autres
activités scolaires.
– Ils s’identifient très
tôt à des sportifs de
haut niveau.
– Ils expriment une facilité
plus importante à réussir
dans le sport plutôt que dans
d’autres activités.
Ces différences sont le résultat
de la façon dont les parents,
l’école, les stéréotypes
relatifs aux rôles associés
au sexe influencent les valeurs et
les attentes. Les parents dans ce
processus jouent un rôle prépondérant.
Le « oui, mais… »
«
On analyse tout, tout le temps,
pour voir comment faire le mieux
possible. Notre entraîneur
doit toujours modifier ses exercices
parce que à chaque fois,
on discute.»
Alexandra Pertus,
joueuse de rugby à Villeneuve
d’Ascq (D1, Elite).
«
Sinon, le grand travers des
filles, c’est le ‘oui,
mais’.
Quand l’entraîneur
nous dit quelque chose, il ya
toujours une fille pour lui
répondre ‘oui,
mais’… C’est typiquement
féminin et ça
nous fait perdre du temps. »
Olivia Rooyackers,
basketteuse dans différents
clubs professionnels.
Les représentations
parentales de l’activité
sportive.
–Les parents estiment
le talent sportif de leur fille moins
important que celui
de leur fils, et ceci dès
la maternelle.
– Les parents orientent davantage
leur fils que leur fille vers des
activités sportives.
– Les enseignants et éducateurs
sportifs jugent les garçons
plus compétents en sport que
les filles.
Perception
de l’athlète féminine
:
Ambivalence
entre le concept de féminité
et la compétition.
– Le sport de compétition
est associé aux images de force,
de puissance, de rudesse,
d’agressivité, de réussite.
– La perception de la féminité
est à l’opposée
de ces images.
Les sports les moins acceptables pour
les femmes sont les sports où
il y a une tentative « de dominer
physiquement un adversaire par le
contact physique » (Metheny).
Sports à
représentativité masculine
– Ce sont donc des sports comme
la boxe, le rugby, la lutte, le football..
– Mais le
handball véhicule également
cette image en tant que sport de contact.
– D’autant plus que les
athlètes féminines qui
participent à des sports collectifs,
jouissent d’un statut
significativement moindre auprès
de leurs pairs (garçons et
filles) que les filles qui s’adonnent
à des sports individuels.
Représentativité
féminine dans le sport de haut
niveau (Issue des assises nationales
sur « femmes et sport »,
1999).
– Les épreuves:
40% des épreuves olympiques
ou de haut niveau sont féminines.
– Nombres de sportives de haut
niveau et les aides accordées:
30% sont des femmes, 30%
de la délégation olympique
(tous pays confondus) sont des femmes,
30% des aides pour le sport
de haut niveau sont pour les femmes.
– Encadrement: 14% de l’encadrement
technique et 8% des juges et arbitres
de haut niveau
sont des femmes.
Différences
hommes/femmes dans leurs rapports
à la compétition
Chez
les femmes :
– La maîtrise
de la tâche est la
motivation principale. La victoire
est une motivation moindre.
– La notion de contact
est différente.
– Elles estiment leurs compétences
de façon réaliste.
«
Elles se font mieux à l’idée
qu’il puisse exister des
joueuses plus fortes. C’est
donc plus facile de faire accepter
un rôle moins en lumière
à l’une ou l’autre,
alors que les garçons préfèrent
tous être en première
page des magazines ! »
Fabrice Courcier, entraîneur
des basketteuses de Saint-Amand
et ancien entraineur de l’équipe
masculine de Tourcoing et de Gravelines,
extrait de l’article paru
dans La Voix des Sports
du 19/11/2007, Sport au féminin
: Entraîner une équipe
de filles: cauchemar ou sacerdoce
?
– Le niveau
d’anxiété
est plus élevé
chez les femmes que chez les hommes.
– Elles recherchent
davantage un leadership de type démocratique.
«
De temps en temps, on serait tenté
de penser que la solution passe
par la dureté du langage.
Ca peut donc arriver, mais je
ne suis pas certain que ce soit
efficace avec un groupe féminin.
Il vaut mieux faire comprendre
les choses de manière souple.»
Fabrice Courcier.
– Le besoin de valorisation
et de confiance en soi est un facteur
de performance.
– La relation duelle à
l’entraîneur est privilégiée.
– Le partage émotionnel,
l’affectif, le plaisir, sont
des paramètres de bien être
au sein de l’équipe.
«
Il faut que chacune puisse prendre
du plaisir dans son rôle.
Je veille donc à placer
chaque fille sur le même
pied d’égalité.
Parce qu’une équipe
féminine vit très
mal le manque d’équité.
C’est ce genre de petit
détail qui peut vous faire
partir sur une bonne saison..ou
une mauvaise… »
– La cohésion
de l’équipe est un paramètre
essentiel de la performance.
Différences hommes/femmes dans
leurs rapports à la compétition
et à la motivation
– Les hommes ont un niveau plus
élevé de compétitivité
et d’orientation vers la victoire
que les femmes, et les femmes sont
plus que les hommes, dans la recherche
d’atteinte
d’objectifs personnels.
– Les hommes participent plus
que les femmes à des sports
de compétition.
«
Moi, j’aime leur attention,
leur réactivité,
cette faculté d’assimiler
plusieurs choses à la fois
et plus vite. Mais comme ce sont
des pipelettes, elles oublient
parfois un peu vite ce qu’on
a travaillé !
J’aime aussi leur nécessité
de comprendre tout ce qu’on
fait. On ne retrouve pas ça
chez les garçons. Ca ne
laisse pas de place à l’improvisation,
c’est un moteur pour moi.
»
Propos D’Emmanuel
Lorette, entraîneur de l’équipe
féminine de Rugby de Villeneuve
d’Ascq (propos recueillis
dans La Voix des Sports,
19/11/2007).
Entrainer
une équipe féminine
: des différences notoires
à maîtriser
sous peine d’implosion !
«
Je me suis très vite rendu
compte qu’il n’y avait
pas que le terrain à gérer.
Chez les garçons, on vit
dans l’instant. Il y a parfois
des situations un peu conflictuelles
pendant l’entraînement.
Mais quand la séance se
termine, c’est fini.
Or, les filles peuvent se rappeler
longtemps ce qui s’est passé
auparavant. En cas d’accrochage,
mieux vaut régler ça
tout de suite avant que ça
explose, un mois et demis plus
tard! »
Fabrice Courcier, entraîneur
de basket féminin de Saint-Amand.
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