Le tramadol est un antalgique central dont l’efficacité est due à la synergie d’un effet opioïde et monoaminergique.
On classe le tramadol dans la famille des opiacés et dans la catégorie des antalgiques de niveau 2, catégorie comprenant la codéine et le dextropropoxyphène. Il agit sur le même type de récepteur que la morphine, c’est un agoniste des récepteurs morphiniques.
Le tramadol est indiqué pour le traitement des douleurs modérées à sévères.
De tous temps les sportifs ont désiré repousser les limites de la douleur pour mieux « performer » ainsi des produits ou autres procédés ont été peu à peu proposé sans se soucier des effets délétères sur la santé ainsi le Pot Belge fut l’exemple même de ce type de dérive.
Bon à savoir
Liste rouge AMA 2024
Le tramadol de nouveau interdit par l’AMA à partir du 1er janvier 2024. Voici les explications après 10 ans de réflexion des instances officielles : télécharger le document (source : AMA)
Le tramadol interdit dans le cyclisme par l’UCI en raison des effets secondaires
Vertiges, baisse de la vigilance et de la concentration sont les effets secondaires de la prise de tramadol. Ces effets secondaires apparaissent comme étant des facteurs de modification du comportement et d’augmentation du risque de chutes ou des gestes maladroits. Ainsi le tramadol est interdit par l’UCI en cyclisme plus en raison des risques liés aux effets secondaires que par un effet dopant.
Le tramadol est-il dopant ?
Le tramadol ne figure pas sur la liste des produits interdits de l’AMA. Il le sera à partir du 1er janvier 2024.
On peut toutefois s’interroger sur l’intérêt médical de la prise de tramadol en compétition, toutes disciplines confondues. Si l’intensité d’une douleur justifie la prise d’un antalgique de niveau 2 comme le tramadol, n’est-ce pas chercher à masquer une douleur, à dépasser ses limites ? Une telle douleur ne serait-elle pas une contre-indication temporaire à la pratique sportive ? Ainsi, si le tramadol n’est pas une substance dopante au sens d’augmentation des performances, ce traitement s’apparente à une conduite dopante en permettant un dépassement de ses limites.
L’UCI sanctionne l’utilisation du tramadol en compétition
L’Union Cycliste Internationale (UCI), sous la conduite de son directeur médical, le professeur Xavier Bigard, a utilisé l’approche sanitaire et son règlement médical pour bannir le tramadol des pelotons depuis le 1er mars 2019. Sa présence a été activement recherchée dès la première étape de Paris-Nice 2019.
Le tramadol fait partie de cette classe de médicaments et serait utilisé par au moins 5 % des cyclistes. Ses effets secondaires peuvent être redoutables : nausées, perte d’appétit, addiction, mal être et surtout on l’accuse notamment de provoquer une baisse d’attention qui entraînerait des chutes dans le peloton (lire notre encadré plus bas).
Une première infraction commise par un coureur sera sanctionnée par une disqualification de l’événement assortie d’une amende, une deuxième infraction par une suspension de 5 mois (9 mois pour l’infraction suivante).
Au niveau collectif, une équipe encourra une amende si deux coureurs commettent une infraction de ce type dans une période de douze mois. « Dans le cas d’une nouvelle infraction dans la même période de 12 mois, l’équipe sera suspendue pour une période de 1 à 12 mois », précise l’UCI.
La présence de tramadol sera recherchée sur des gouttes de sang séché, prises sur la pulpe d’un doigt. Les résultats des analyses seront communiqués au directeur médical de l’UCI dans un délai maximal de 4 à 5 jours. « On sait que le facteur limitant de la performance est la capacité à surmonter la douleur. Si on a un antidouleur, on peut repousser la douleur et avoir de meilleures performances », avait expliqué David Lappartient, président de l’UCI.
Selon les chiffres annoncés par l’UCI, 4,4 % des contrôles en compétition révèlent l’usage de tramadol. La décision d’interdiction a été saluée par le Mouvement pour un cyclisme crédible (MPCC) qui regroupe 7 des 18 équipes du WorldTour et 76 % des formations Continental Pro (2e division), ainsi que 326 coureurs.
Pourquoi combattre ou masquer une douleur en sport ?
- La douleur « sentinelle » est une sonnette d’alarme qu’il ne faut pas occulter, car elle peut masquer une blessure sournoise et protéger contre une aggravation des lésions ;
- Elle peut aussi être gratifiante, suivant l’idée selon laquelle il faut souffrir pour être performant et réussir.
- La douleur est parfois banalisée, ce dont il faut se méfier, en particulier vis-à-vis des athlètes qui repoussent toujours le seuil de la douleur.
- La douleur peut être la conséquence d’un effort et disparaître avec la récupération.
- Elle peut enfin être simulée, donc difficilement quantifiable et son bénéfice attendu par le sportif.
Avec pour conséquences, des douleurs à traiter, des douleurs qu’il ne faut pas masquer, des douleurs à respecter et les douleurs « fantômes ».
L’utilisation du Tramadol dans le peloton
Les chutes sont nombreuses entraînant des blessures douloureuses permettant de poursuivre la course, aussi un antalgique « peut « aider » le coureur et éviter l’abandon ou de perdre trop de temps. Michael Barry, ancien coureur de l’équipe Sky, a déclaré le Tramadol aussi précieux qu’un produit dopant.
Les Effets secondaires
- Baisse de la vigilance et de la concentration
- Vertiges
- Nausées
Les vertiges pourraient expliquer une plus grande nervosité et une augmentation des chutes ou des gestes maladroits.
Pour aller plus loin avec l’IRBMS
► Les douleurs liées à la pratique physique et sportive : comment les gérer ?
► Dossier thématique : Produits dopants, quels dangers ?
► Vidéo : 15 minutes pour comprendre le dopage
► Brochure : La prévention du dopage