Traumatisme du Coude

La Bobologie au quotidien, aux Editions IRBMS
Epicondylite (coude)

Manœuvre de réveil douloureux des épicondyliens.

Le traumatisme du coude pose un problème de diagnostic initial, mais nécessite également une bonne prise en charge en cas d’urgence sur le terrain.

Le traumatisme du coude est un accident fréquent lors de la pratique du sport, touchant autant le sportif de compétition que le véritable sportif de loisir.

De nombreux sports sont par ailleurs concernés : judo, cyclisme, équitation, gymnastique, football, ski, rugby…

Rappel anatomo-physiologique

Le coude est composé de trois articulations :
  • huméro-cubitale
  • huméro-radiale
  • radio-cubitale supérieure

 

La stabilité du coude est assurée par deux processus :
  • passif avec le rôle des tendons des muscles extenseurs et fléchisseurs du coude, ainsi que les ligaments latéraux, la capsule articulaire assurant par ailleurs une stabilité globale.
  • actif, assuré par l’activation des muscles fléchisseurs extenseurs, ainsi que la stabilité assurée latéralement par les muscles épicondyliens.

Tableau clinique

Ils sont nombreux, peuvent être trompeurs, les signes de gravité ne sont pas évidents, il faut systématiquement les rechercher.

Il s’agit (et cette liste n’est pas limitative) de :

  • fracture de l’extrémité inférieure de l’humérus
  • fracture de la tête radiale
  • luxation du coude
  • fracture de l’olécrane
  • fracture luxation du coude
  • lésion ostéo-teninomusculaire
  • lésion ligamentaire seule
  • fracture intra-articulaire
  • lésion osseuse partielle et segmentaire

Toutes ces lésions non limitatives peuvent être associées également et provoquer par ailleurs des lésions vasculo-nerveuses.

La luxation isolée du coude

Nous retiendrons la lésion la plus fréquemment retrouvée : celle de la luxation isolée du coude, qui se produit sur une chute classique lors de la pratique sportive.

La douleur

Elle est très vive, voire syncopale, immédiatement déclenchée lors de la chute. La douleur provoque une impotence fonctionnelle majeure du coude. Elle est augmentée par des mécanismes de mise en tension du coude, qu’il ne faut absolument pas réaliser sans diagnostic précis.

La palpation

On constate une déformation du coude. L’olécrane est saillant en arrière de l’humérus. Il y a peu d’hématome ou d’ecchymose, l’avant-bras est souvent en pro ou sous-pination.

Examen clinique

On recherche immédiatement une lésion artérielle par la palpation des pouls radial et cubital.

Bien entendu, le sportif a été relevé, en prenant soin de maintenir le bras et l’avant-bras, sans réveiller la douleur, le moindre mouvement du coude est hyper-douloureux. On recherche une lésion nerveuse, trouble de la sensibilité, trouble moteur, trouble parasthésiste, en faisant réaliser successivement l’extension du poignet (nerf radial), l’opposition du pouce (nerf médiant), l’adduction et l’abduction des doigts (nerf cubital). Il faut particulièrement retenir la possibilité d’atteinte du nerf cubital en raison de sa situation superficielle.

Conduites à tenir

Comme dans toute traumatologie sportive, l’essentiel est toujours de calmer, de mettre au repos, et de rassurer. Toutefois, la réduction immédiate du coude peut être envisagée.

Réduction sur le terrain

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Une réduction du coude doit être pratiquée par des médecins ayant une habitude de réaliser ce type de manœuvre, en s’étant assuré qu’il n’y a aucune contre-indication. Le patient doit être calme, détendu, sans contracture. La réduction doit se faire de façon prudente, elle n’est jamais facile.

Le patient est allongé sur le sol, le médecin doit prendre le coude à deux mains au niveau de la moitié proximale de l’avant bras. Il place l’avant-bras en supination, en posant ses doigts sur l’olécrane, et les pouces sur la face antérieure de l’avant-bras. La manœuvre de réduction doit associer de façon très progressive une flexion du coude, une traction dans l’axe de l’humérus, et une pression descendante sur l’olécrane et la tête radiale.

Toutes ces actions doivent être faites progressivement, de façon continue, sans à-coup et dans le plus grand relâchement possible. En cas de résistance, la manœuvre doit être abandonnée. La réduction du coude se manifeste par un claquement ressenti avec une restitution anatomique des surfaces articulaires. La douleur est nettement et spontanément diminuée.

Attention : après la réduction, l’on doit refaire un bilan clinique complet et de nouveau vérifier l’apparition éventuelle de complications vasculo-nerveuses.

Une fois la réduction réalisée, le médecin effectuera le protocole habituel de prise en charge du sportif, le membre supérieur étant immobilisé avec tout mode de contention disponible sur le terrain ou à proximité de l’accident. Le sportif sera dirigé vers un service d’urgences pour une radiographie du coude.

Si la tentative de réduction n’a pas été possible, il s’agit d’une véritable urgence puisque celle-ci se fera en secteur hospitalier soit de nouveau spontanément soit sous anesthésie générale. Le diagnostic radiologique sera alors posé avant la réduction. L’évacuation par les services d’urgences est donc nécessaire.

On rappelle que sur le GSM, le service d’urgences peut être appelé par le 112.

Aspect médico-légal

Le médecin présent sur un terrain de sport pendant une compétition doit non seulement être inscrit au Tableau de l’ordre départemental des médecins du lieu de la compétition.

Il doit par ailleurs posséder une assurance spécifique pour l’exercice de la médecine du sport sur le terrain. Par ailleurs, il doit posséder au minimum une lettre de mission ou un engagement du responsable de la compétition, un contrat de travail est souvent nécessaire.

Pour en savoir plus sur les contrats d’exercice dans la médecine du sport : www.ordre-medecin-nord.org

Le médecin devra effectuer la réduction selon ses compétences et en respectant bien entendu la déontologie, qui s’applique pour l’exercice de son art.

Bien souvent, il est difficile de prendre toutes ces précautions en urgence pour ne pas inversement être attaqué pour non-assistance à personne en danger. Toutefois, en cas de doute, l’appel au service d’urgences permet d’éviter tout problème juridique.

Enfin, reste l’épineux problème posé par une réduction chez un sportif mineur. L’accord des parents pourrait être jugé nécessaire tout comme pour un sportif majeur où le consentement de la victime pourrait être demandé. Cela, bien entendu, reste théorique, mais l’évolution des pratiques doit nous faire redoubler de prudence.

Quelques sports concernés

Le tennis

L’épicondylite ou « Tennis Elbow » est fréquente lors de l’utilisation d’une raquette mal adaptée ou pendant la mauvaise exécution d’un geste. Il s’agit d’une douleur à la face externe du coude en exécutant un revers ou dans la vie courante en serrant une main, en versant à boire ou en tenant un téléphone.

Sports de combat (Judo, Karaté, Boxe, Taekwondo)

Une chute sur la main ou le bras en extension peut provoquer une luxation postérieure du coude. La réduction doit se faire impérativement en milieu médical. L’immobilisation sera de courte durée avec une rééducation qui permettra de retrouver les amplitudes du coude. L’hygroma du coude, par frottement sur le tapis ou par choc direct est fréquent. Il s’agit de l’apparition d’une grosseur à la face postérieure du coude. Un traitement est nécessaire avant toute reprise du sport.

Sports de lancer (Athlétisme, Golf, Base-ball)

Tous les lancers peuvent provoquer des douleurs du coude. La pratique du javelot peut occasionner lors d’un geste mal contrôlé en hyper extension l’apparition de douleur de la face postérieure appelé : épithrochléalgie. Le geste doit être contrôlé.

Golf, Squash, Badminton

Une mauvaise pratique de ces sports peut provoquer une technopathie avec des douleurs au niveau du coude sous la forme de tendinites.

 

Conclusion

La luxation du coude est l’accident le plus fréquent que l’on rencontre lors de la pratique du sport occasionnant un accident à ce niveau.

Il faut, avant de réduire, vérifier l’aspect isolé de cette luxation, sans autre complication. La réduction sur le terrain reste possible en cas d’habitude de pratique. Si ce n’est pas le cas, une évacuation par service d’urgences est nécessaire le plus rapidement possible.

Lors de prise en charge pour une compétition sportive, le médecin doit être en règle par rapport aux dispositions législatives en cours. Par contre, lors de sa présence tenant du hasard auprès d’un sportif blessé, il doit respecter en son âme et conscience les règles de déontologie et porter secours au sportif en agissant dans l’intérêt de celui-ci.

 

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