Dopage et Jeux Olympiques
Préambule
Dans son article sur l’histoire du Dopage, le Docteur Michel DUCLOUX, ancien Président de la Société du Nord de Médecine du Sport donne le ton et les enjeux des victoires olympiques en citant Pindare « Là, se juge la vitesse des jambes et la hardiesse endurante de la force. Puis le vainqueur, toute sa vie, savoure le miel de la félicité. » Ainsi, aussi loin qu’il soit possible de remonter dans l’histoire du sport en compétition, en général et lors des Jeux Olympiques, on s’aperçoit très vite que ceux qui évoque avec nostalgie l’âge d’or se trompent.
Introduction
C’est en 1896 que le Baron Pierre de Coubertin lance les Jeux Olympiques des Temps Modernes à Athènes. Nul ne doit se soucier de savoir si les performances des athlètes sont réalisées avec ou sans soutien particulier dont les produits et stimulants pour gagner (le dopage était inconnu). Toutefois, la charte olympique ne retenait en aucun cas cette notion de victoire à tout prix mais plutôt sur un style de vie fondé sur la joie dans l’effort, voire même contribuer à bâtir un monde meilleur dans l’esprit d’amitié, de solidarité et de fair-play. Nous retiendrons d’ailleurs cette phrase culte : « L’essentiel est de participer ».
Petit rappel de l’histoire
De tous temps, les hommes et les sportifs ont essayé d’améliorer leurs performances autrement que par un entraînement régulier et un travail physique acharnés. Pour mémoire, nous pouvons citer ce qui est repris dans l’histoire du dopage : la viande de chèvre était utilisée pour bondir plus haut, les Incas connaissaient déjà l’utilisation du Coca, etc. Au XIXème siècle, la consommation de strychnine, de caféine, de cocaïne et d’alcool était déjà très répandue chez les athlètes visant une performance d’endurance et chez les cyclistes. Ils avaient inventé bien avant Willy Voet le « Pot-Belge » !
Origines du mot « Dopage »
Le premier mot employé pour définir cette tricherie par l’utilisation de substances naturelles ou artificielles pouvant modifier la performance vient certainement du mot Doping, ce mot venant de Dop, qui pouvait désigner semble-t-il une boisson alcoolisée qui permettait, avec quelques ingrédients mystérieux, d’augmenter les prouesses des combattants. Il s’agit donc de la « potion magique » d’Astérix. Le mot peut être d’origine néerlandais, mais il est repris de façon mondiale sous forme de Doping. Nous retrouvons d’ailleurs dans le livre de soins de J.-P. Rapp, « Doping des Sportifs », toute l’histoire de ce fléau du sport. Le mot « Dopage » fut vulgarisé à partir des années 60 avant les Jeux Olympiques de Rome.
Les défis de la lutte contre le dopage olympique
– Les manipulations sanguines
Les athlètes pratiquant des sports d’endurance comprirent que c’est le déficit d’oxygène qui limitait leurs performances. C’est ainsi que dès 1930, les japonais ont utilisé l’inhalation d’oxygène comme doping, puis beaucoup plus sérieusement alors que le mot lutte contre le doping était inscrit en lettres d’or dans la Charte du Comité International Olympique (Pdf, 670 Ko), les athlètes eurent recours à des manipulations sanguines. Il faut bien reconnaître que les Jeux Olympiques de Mexico en 1968 furent un véritable défi au déficit d’oxygène. C’est ainsi que fut mis en place par de nombreux laboratoires l’oxygène « en caisson ». L’athlète qui laissera une trace dans ce combat contre l’oxygène artificiel est sans contexte Lasse Viren, Finlandais, quadruple champion olympique à Munich et Montréal, qui est accusé de gagner ses médailles d’or sur 5.000 et 10.000 mètres grâce aux vertus positives de la transfusion sanguine.
– Les stéroïdes anabolisants
Alors que la plupart des fédérations sportives ont pris le problème du doping ou du dopage en main dans les années 70, il est fait un constat d’impuissance qu’il est impossible de déceler l’utilisation des stéroïdes anabolisants dans les tests réalisés à l’époque. Le constat est pourtant accablant. Cette méthode artificielle d’amélioration des performances est répandue dans la plupart des sports. Après de nombreux travaux, il semble qu’en 1974, un test fut mis au point et reçut l’agrément d’un Comité Scientifique International pour déceler dans les urines la présence de stéroïdes anabolisants. C’est ainsi que le C.I.O. ajoute en 1976 les stéroïdes anabolisants dans la liste de ses produits et substances interdites en compétition.
LE SYMBOLE DU DOPAGE
Même si l’on peut retenir les Palmes attribuées pour les Jeux Olympiques, il faut bien reconnaître que ce n’est pas aux Jeux Olympiques que s’est déroulé le séisme du dopage, mais bien lors de la compétition du Tour de France. Tout le monde se souvient de la mort du jeune cyclisme Anglais Tom Simpson, décédé sur les flancs du Mont Ventoux, en 1967, tout le monde se souvient de l’affaire Festina pendant le Tour de France 1998, qui a provoqué un véritable Tsunami, à l’origine d’ailleurs de la création de l’A.M.A. et de l’Agence Française de Lutte contre le Dopage.
Il est constaté alors que les mesures sportives et disciplinaires dans le cadre de la lutte contre le dopage ont montré leurs limites. Il faut donc mettre en place une collaboration et une confrontation de tous les acteurs pour faire la chasse au trafic et aux pourvoyeurs. Le monde sportif est donc obligé de renforcer son dispositif disciplinaire tout en collaborant dans le cas des Jeux Olympiques avec les douanes du pays d’accueil. Les Jeux Olympiques de Montréal étaient à cet effet un tournant puisque sur 1.786 contrôles, 11 cas furent positifs, mais la délégation a été faite aux fédérations internationales pour assurer les contrôles.
C’est ainsi que des contestations ont pu voir le jour en fonction des techniques d’analyse, et du temps de prise de ces dites analyses.
– Les corticoïdes
L’enjeu réel de la triche récompensée tel que le déclare le Docteur Jean-Pierre de Mondenard dans son remarquable ouvrage « Dopage aux Jeux Olympiques : la triche récompensée » . Il s’agit des derniers refuges du dopage. Certains auraient même pu dire que des millions de dollars ont été dépensés pour réaliser des contrôles pour rien. Le Prince de Mérode, sensible à la montée en puissance de ce problème, pense donc à cette époque que parallèlement aux contrôles et à la répression, il est indispensable de créer une action préventive éducative. Si l’on connaît bien sûr les effets positifs de la prise de corticoïdes, les effets négatifs sont souvent occultés. Il est important de gagner à tout prix. C’est ainsi que l’on a vu surgir des épidémies de tendinites, de ruptures musculaires et que l’on a pu voir plus tardivement des épidémies de cancers ou d’ostéoporoses.
Tout l’enjeu est donc le dépistage qui permettra de trouver réellement l’utilisation de ces corticoïdes, même chez les athlètes pouvant présenter des conditions naturelles de perturbation préalable venant modifier le résultat des contrôles. Il ne fallait donc pas disqualifier à tort ou au contraire encenser sans raison. En effet, la cortisone est une hormone secrétée naturellement par les glandes surrénales. Cette hormone présente des effets anti-fatigue, euphorisants et anti-inflammatoires.
La Chine et Pékin à l’heure du dopage
L’Agence Nationale Anti-Dopage de Pékin a prévu 4.500 tests qui seront analysés par leur laboratoire spécialement créé à cet effet entre le 8 août 2008 et le 24 août 2008. Le Vice-Président du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques, Monsieur Duan Shijie a déclaré : « Contrôler le dopage demeure un travail difficile et de longue haleine. Mais avec la mise en place de cette agence, on peut dire que le gouvernement chinois a fait un grand pas dans la lutte contre le dopage ». En effet, le laboratoire a été accrédité par l’Agence Mondiale Anti-Dopage (A.MA.) qui enverra une délégation de surveillance sur place.
La codification des éléments de la Charte Olympique (Pdf, 670 Ko) et les règles anti-dopage du Comité International Olympique (Pdf, 160 Ko) pour les 24èmes qui se déroulent à Pékin sont notifiées dans un texte de 20 pages, intitulé : « Règles anti-dopage du Comité International Olympique ». Le Président du C.I.O., Jacques Rogge, ancien sportif, médecin, souhaite bien entendu que les Jeux de Pékin soient des jeux propres et que tous les athlètes aient été ou seront contrôlés avant leur arrivée à Pékin.
L’A.M.A. et le C.I.O. en ont prévu des contrôles inopinés avec l’aide des fédérations internationales et des délégations concernées par les Jeux Olympiques. Il va de soi que la course contre la montre est lancée. Que va-t-on découvrir ? Qui passera entre les mailles du filet ? Quel produit apportera l’effet miracle sans être dépisté ? Les enjeux financiers sont à la hauteur des recherches effectuées et les trafiquants sont aux abois et les laboratoires clandestins doivent certainement impulser des recherches parallèles à celles impulsées par les organismes officiels mais dans un but totalement différent !!
Préparation de la France pour les Jeux Olympiques de Pékin
Tous les grands pays dont la France ont mis en place des dispositifs d’alerte et de surveillance, avec en particulier en France l’aide des médecins fédéraux qui ont planifié sous la responsabilité des fédérations et du CNOSF des contrôles préalables et un suivi spécifique dans l’esprit du suivi longitudinal élaboré dans les années 2000 par le Professeur Gérard Dine.
Conclusion
Gagner une médaille aux Jeux Olympiques est le rêve de tout sportif. Pour y arriver, il faut concilier force mentale, force physique et réussite. Le dopage n’a pas sa place dans ce rêve. Il est contraire à l’éthique du sport, aux principes de Coubertin et à la Charte Olympique.
Le dopage est une tricherie et un risque pour la santé.
Lire aussi :
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Les Palmes du
Dopage
au Jeux Olympiques.
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